Un groupe opérationnel continue d'agir dans la capitale avec une précision et une patience déroutantes. Pour le moment, aucun indice probant n'indique que le commissaire de police assassiné à Zéralda, mercredi matin, ait été l'objet d'un attentat terroriste. Le modus operandi, l'arme du crime, la fuite, le nombre d'assaillants et l'endroit de l'assassinat ne concordent pas avec la stratégie du Gspc, déjà observée, depuis plusieurs mois dans la capitale, depuis le 30 décembre dernier, lorsque deux policiers de faction avaient été assassinés en plein jour dans le quartier populaire de Belouizdad. Le commissaire de police, selon un officier de la Gendarmerie de Zéralda, a été tué par un homme qui avait pris place à côté de lui, dans la voiture, avant de lui porter plusieurs coups de couteau au thorax et au cou, et de le jeter sur la chaussée. Cette manière d'agir semble tout à fait «improvisée» ou le fait de quelqu'un «qui connaissait la victime pour qu'elle puisse prendre place dans sa voiture». En tout cas «aucune piste n'est à écarter, pas même la piste terroriste», bien que, à première vue «elle semble peu plausible». L'enquête sur les circonstances de l'assassinat du commissaire suit son cours, mais les responsables de la Sûreté nationale focalisent déjà toute leur attention sur la «cellule algéroise» mise sur pied par l'émir de la zone II du Gspc, Yahia Abou El-Haythem, alias Abdelhamid Saâdaoui, un des plus proches lieutenants de Hacène Hattab, avec lequel il a créé l'organisation en 1998 et qui a été maintenu et confirmé dans ses fonctions par Nabil Sahraoui, lors de la destitution de Hattab par les chefs de zones, début septembre 2003. L'assassinat des deux policiers, perpétré la veille de la fin de l'année 2003 a été revendiqué par un communiqué du Gspc, reconnaissant de fait, l'existence d'une cellule active dans la capitale. Qui dirige cette cellule? Toute la question est là. Est-ce Saâdaoui en personne comme l'avait indiqué un quotidien arabophone, il y a quelques jours? Il est très peu probable que ce soit le cas. Celui-ci âgé aujourd'hui de 36 ans, traîne derrière lui une dizaine d'années d'activité terroriste, dans les maquis kabyles, et on sait que le vieillissement des chefs de zones opérationnels se fait très prononcé en quelques années. A 32 ans, Antar Zouabri donnait l'air d'un homme de 45 ans, ridé, dépérissant et au crâne dégarni. Les attentats ciblés qui ont fait le tour d'Alger, trois policiers à Belcourt, un repenti à Badjarah, deux autres policiers sur les hauteurs d'Alger etc. ont été le fait de jeunes hommes armés et âgés d'entre 22 et 25 ans, non fichés, non répertoriés, donc non connus des services de renseignement et des renseignements généraux. Les responsables de la sécurité intérieure estiment qu'il est peu probable que la direction du Gspc confie les opérations décidées dans la capitale à des hommes venus de l'extérieur d'Alger, et qui seraient «repérables» par les agents des renseignement. Aussi, il y a fort à parier qu'il s'agit de jeunes qui se trouvent... «sur place», c'est-à-dire issus des quartiers de la capitale, thèse d'autant plus confortée qu'elle concorde avec la «stratégie de symbiose» élaborée par le Gspc depuis son fondement, et qui consiste à «vivre en parfaite harmonie avec les habitants et de se fondre dans la cité». Pour le moment, cette cellule a fait un «sans-faute» depuis le 30 décembre 2003 avec une dizaine d'attentats ciblés perpétrés avec une exceptionnelle audace, et en plein jour. En face, les enquêteurs restent aux aguets, à l'affût du premier faux pas.