«L'UA n'a aucune base juridique ni fondement politique ou légitimité morale pour intervenir de quelque manière que ce soit dans ce dossier», a indiqué le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué rendu public le 1er juillet. Le souverain marocain défie l'Afrique. Il lui dénie le droit de trouver une solution au conflit du Sahara occidental, dernière colonie africaine dont les territoires ont été annexés par le Maroc. «Le processus de recherche d'une solution politique définitive au différend régional au sujet du Sahara marocain est du ressort exclusif de l'ONU. L'UA n'a aucune base juridique ni fondement politique ou légitimité morale pour intervenir de quelque manière que ce soit dans ce dossier» a indiqué, le 1er juillet, le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération dans un communiqué répercuté par une dépêche de l'agence de presse officielle marocaine MAP. La nomination par l'Union africaine de Joaquim Chissano, ancien président mozambicain, en tant qu'envoyé spécial du Sahara occidental irrite le trône alaouite. Le pouvoir marocain s'en fait l'écho. «Le Royaume du Maroc, partie fondamentale et incontournable à ce différend régional, ne se sent aucunement concerné par cette décision unilatérale qu'il rejette totalement», souligne la même source. Le Maroc voit rouge. «En raison de son parti pris radical et injustifié, l'attitude de l'UA dans ce dossier demeure pleinement anachronique», fait-on savoir du côté de Rabat qui qualifie l'UA de seule organisation régionale et internationale au monde à avoir intégré une «entité fantoche en son sein». Une entité fantôche qui porte le nom de Polisario qui parle et défend le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination (comme le garantissent toutes les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU) avec lequel le Maroc s'est assis autour d'une même table et a accepté de négogier. Le pouvoir marocain n'est ni à un paradoxe près, ni à un mensonge près ni à une paranoïa supplémentaire près. Ces trois caractéristiques se retrouvent dans le texte rendu public par les autorités marocaines. «Au moment où le continent africain est confronté à de nombreux défis liés à la paix et au développement, certaines parties connues pour leur antimarocanisme primaire, prennent en otage l'agenda de l'organisation panafricaine» font-elles observer. Le continent africain est confronté à de nombreux défis liés à la paix reconnaissent nos voisins de l'Ouest. Sauf celui qui oppose le Maroc au Sahara occidental auraient-elles pu ajouter. «Impliquer l'UA dans le processus de négociation pour trouver une solution au problème du Sahara est une démarche déplacée», avait déjà déclaré au mois de février dernier, Mbarka Bouaida, la ministre marocaine déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Comment le Maroc peut-il décemment rejeter une décision d'une organisation dont il a claqué la porte? D'une Afrique dont il s'est exclu. Le 12 novembre 1984 il sort par la petite porte de l'OUA (Organisation de l'unité africaine), rebaptisée depuis 2002 Union africaine. Comment peut-il l'empêcher à participer à la résolution d'un différend qui couve en son sein? Et qui sont ces «parties connues pour leur antimarocanisme primaire qui prennent en otage l'agenda de l'organisation panafricaine?» Les médias aux ordres se chargent de les pointer du doigt. Le nouvel envoyé spécial pour le Sahara (Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique, Ndlr) «aura pour mission de faciliter la mise en place des voies et moyens pour que l'UA soutienne la position du Polisario, soutenu et financé par l'Algérie voisine», rapporte la presse marocaine. «C'est à Alger et Prétoria que revient de régler les frais des déplacements de Joaquim Chissano et de son staff en Afrique et dans le reste du monde» renchérit un autre site promarocain. Le souverain a sans doute la préférence de ses amis occidentaux et de certains lobbies juifs pour faire pencher en sa faveur la question du Sahara occidental. Le Maroc et Israël «semblent travailler de concert pour saper les activités de la Commission des droits de l'homme du Congrès américain chargée de faire respecter l'engagement des Etats-Unis à défendre les droits de l'homme des Sahraouis», a rapporté le site d'information juif américain, Mondoweiss (L'Expression du 28 juillet 2013).