Le président du Mozambique, Joaquim Alberto Chissano, est arrivé, hier après-midi, dans les camps de réfugiés sahraouis pour une visite de quelques heures. C'est dans le camp de Smara, distant de plus de 50 km de Tindouf, au sud-ouest algérien, qu'il a été accueilli par une population en effervescence. M. Chissano a clairement déclaré que son pays refuse qu'un “pays africain occupe un autre pays africain”. Il a aussi rappelé les termes de la Charte de l'OUA qui reposent sur “le respect des frontières héritées du colonialisme”. L'invité des autorités de la RASD a plus loin affirmé : “Le territoire du Sahara occidental n'appartient pas au Maroc, car celui-ci a accepté de le partager avec un autre pays (la Mauritanie de Ould Daddah, ndlr). Nous avons compris que le territoire appartenait au peuple sahraoui”. Le chef de l'Etat a également, révélé que “les rois du Maroc sont nos amis”, en déplorant néanmoins, ce différend qui les oppose autour du sahara occidental. “Nous sommes des partisans du dialogue et nous sommes pour le droit à l'autodétermination du peuple du sahara occidental”, a soutenu Alberto Chissano, en lançant un appel au Maroc pour l'ouverture de négociations entre Rabat et le Front Polisario, non sans se présenter “en tant que membre de l'Union africaine et de l'ONU”. Il a estimé qu'il n'existe aucune contradiction entre l'organisation d'un référendum et l'existence de la République sahraouie. Bien au contraire, le président sortant du Mozambique a tenu à rappeler le cas de plusieurs ex-pays colonisés, tels que l'Algérie, l'Angola, le Timor de l'Est etc., où l'occupant illégal a négocié avec le mouvement de libération national, tout en sachant qu'il existait un Etat proclamé ou un gouvernement provisoire. “Le peuple sahraoui doit bénéficier de tous ses droits et le Mozambique ne ménagera aucun effort pour que le droit des peuples soit respecté”, a-t-il indiqué, en précisant que le royaume du Maroc “a tout à gagner”, en respectant cette même logique qui avait poussé Rabat à soutenir dans les années 1970, “le droit des peuples à l'autodétermination”, y compris celui du peuple mozambicain. Puis de conclure : “J'appelle les marocains à saisir cette occasion pour aller vers des négociations.” H. A.