30 personnalités, 52 partis politiques, 37 organisations et associations nationales et 12 professeurs d'université ont été reçus par Ahmed Ouyahia Le problème majeur qui se pose en Algérie est le strict respect du texte fondamental et des lois qui en découlent. Plus que 24 heures pour la fin des consultations marathoniennes sur la révision de la Constitution. Au soir du 8 juillet, le rideau va tomber sur ce défilé à la présidence de la République qui a duré tout un mois. Chargé en mai dernier par le chef de l'Etat, Ahmed Ouyahia a mené tambour battant ces consultations pour en arriver à cette étape cruciale, celle de la synthèse des centaines, voire des milliers de propositions faites par les invités bariolés du directeur de cabinet de la Présidence. De Madani Mezrag à Réda Malek, de l'extrême gauche à l'extrême droite qui a rassemblé 30 personnalités, 52 partis politiques, 37 organisations et associations nationales et 12 professeurs d'université, Ahmed Ouyahia a brassé large. Place maintenant à un véritable travail de fourmi qui consistera à arranger, élaguer et sérier toutes ces propositions. Un travail titanesques, certes, mais dans cette tâche M.Ouyahia se sent à l'aise. Ses proches collaborateurs lui reconnaissent de grandes facultés de synthèse et d'analyse en plus de ses capacités naturelles de résistance et d'adaptation. Un véritable animal politique blindé. Seulement des interrogations jalonnent déjà cette deuxième étape du marathon. Avec qui se fera cette synthèse? Par qui sera composée la commission chargée de le faire? Des remous commencent à gagner des partis comme le FLN et le RND. Chacun redoute qu'il soit doublé par l'autre. Ils réclament carrément la mise en place d'une commission de synthèse en plus d'une conférence nationale en vue d'aboutir à une Constitution consensuelle. Inquiet, le FLN va même jusqu'à exiger l'élargissement de ladite commission. Il faut compter sur le sens de persuasion de Ouyahia pour aplanir cette ébauche de différend. C'est un fait, le directeur de cabinet de la présidence de la République jouit d'un réel consensus auprès des dirigeants du pays, voire même de la classe politique. Enfin presque, puisque une partie des personnalités politiques a décliné son invitation pour ces consultations, dont notamment Mouloud Hamrouche, Ali Benflis, Khaled Nezzar, Sid Ahmed Ghozali, Ahmed Benbitour. A ceux-là s'ajoutent des partis politiques qui sont au nombre de douze formations à ne pas se rendre à la présidence de la République dont les membres de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (RCD, MSP, Ennahda, FJD et Jil Jadid). Mais qu'à cela ne tienne, Ouyahia s'est offert, dès le début de ces consultations, soit le 6 juin, une grosse pointure en la personne de Lakhdar Brahimi. Le CV de l'homme est impressionnant: représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Haïti et en Afrique du Sud, Lakhdar Brahimi a été désigné représentant spécial pour l'Afghanistan et l'Irak en 2001. Il succède, en 2012 à Kofi Annan comme médiateur international de l'ONU dans le cadre du conflit syrien. Ouyahia s'est réjoui également de la participation du plus vieux parti d'opposition, le FFS. Le but final étant d'aboutir à une Constitution moderniste et qui, surtout, doit échapper aux aléas politiques, c'est-à-dire qui ne changera pas au gré des tendances agissantes au pouvoir en place. En 50 ans d'indépendance, l'Algérie a changé à sept reprises sa loi fondamentale. Ce faisant, cette révision constitutionnelle dictée par la conjoncture régionale marquée par les révoltes arabes doit refléter les aspirations des Algériens. A l'heure actuelle, le seul pays arabe qui peut se targuer d'avoir une Constitution avant-gardiste issue des aspirations du printemps arabe est la Tunisie. Ceci pour souligner que la nouvelle loi fondamentale doit se situer au moins au même niveau que celles du Maroc qui a officialisé la langue amazighe et de la Tunisie qui consacre la liberté d'expression la liberté de conscience et l'indépendance de la justice. A ces impératifs s'ajouteront les sacro-saints principes des libertés et des droits de l'homme, la reconnaissance de l'identité amazighe pour la mettre à l'abri de toute surenchère idéologique et politique, la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice et des législateurs, le respect des libertés individuelles et collectives, la décentralisation de la décision et la justice sociale. Ce sont autant de piliers immuables sur lesquels doit reposer la nouvelle Constitution algérienne. Certains de ces principes sont en théorie reconnus dans nos différentes Constitutions, mais le problème majeur qui se pose en Algérie est le strict respect du texte fondamental et des lois qui en découlent.