C'est sans aucun doute l'un des événements politiques majeurs qui marqueront la scène nationale durant les semaines à venir. Les consultations qui débuteront aujourd'hui autour de la révison constitutionnelle, sous la houlette d'Ahmed Ouyahia, ministre d'Etat et directeur de cabinet de la présidence de la République marquent la fin d'une étape et le début d'une autre. L'objectif de cette démarche placée au centre des préoccupations du président Bouteflika depuis notamment sa réélection pour un 4e mandat à l'issue du scrutin du 17avril dernier traduit l'idée d'une réorganisation en profondeur des mœurs politiques telles qu'elles sont pratiquées en ce moment. Le régime en place ambitionne aussi à travers la prochaine loi fondamentale de consacrer les soubassements d'un Etat de droit soucieux de la bonne gouvernance et de l'alternance au pouvoir résolument engagé dans la lutte contre la corruption et intransigeant sur le respect des libertés collectives et individuelles. Des consultations, pour quoi faire? Nombreux en outre sont les éléments appelés à mettre en évidence toute l'importance des consultations qu'abritera dès cette matinée le siège de la présidence de la République. Ceci à commencer par le caractère consensuel qui caractérise ces tours de table, un aspect solennellement recommandé par le chef de l'Etat et aussitôt traduit sur le terrain par Ouyahia qui a adressé quelque 150 invitations aux leaders de parti, représentants de la société civile et du mouvement associatif, des journalistes ainsi qu'à d'autres personnalités et compétences de renom. Le deuxième élément est en rapport avec le contexte interne et externe dans lequel évolue le pays. Au plan intérieur, le chantier de la révision constitutionnelle intervient en effet dans un moment marquant le début d'un nouveau quinquennat où sont inscrits une série de défis que l'exécutif est tenu de relever en termes de développement tous azimuts et qui sont prévus dans le plan d'action du gouvernement que le Premier ministre Abdelmalek Sellal présentera ce matin devant les parlementaires de l'APN. Les consultations sur la loi fondamentale se font jour par ailleurs dans une conjoncture où l'Algérie continue de subir les contrecoups de la crise sévissant dans la région du Sahel où des pays comme le Mali et la Libye s'enlisent dans la violence, mettant ainsi en danger la sécurité de nos frontières. D'autres éléments pouvant attester des consultations autour de la révision de la Constitution ont trait aux propositions qui seront énumérés par les partis et les personnalités qui seront consultées. En ce sens, gageons que la présidence de la République ayant dévoilé le 15 mai dernier les amendements à introduire dans la prochaine loi fondamentale a laissé (délibérément?) une large marge de manœuvre aux concernés par ces pourparlers pour faire part de leurs propositions à ce sujet. Des propositions qui auront sans doute à s'articuler, entre autres, sur la nature du régime politique, la logique de la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice, le devenir de la langue amazigh... Toutes ces questions et bien d'autres encore ont fait couler beaucoup d'encre dans les colonnes de la presse et fait l'objet d'analyses plus où moins pertinentes qui démontrent pour ainsi dire tout l'intérêt accordé par les uns et les autres à ce chantier de révision constitutionnelle. Il y a «du monde» chez Ouyahia Dire que Ahmed Ouyahia, chargé par le président de la République de mener les consultations sur la révision constitutionnelle, n'a récolté que des refus à la suite des invitations qu'il a adressées à 150 partis, personnalités et compétences n'est en fin de compte qu'un odieux mensonge destiné à berner l'opinion. En atteste à juste titre le dernier communiqué rendu public par la présidence de la République où il est fait état que sur les 150 conviés, seules six personnalités et 12 chefs de parti ont décliné l'invitation. «Il a été révélé que les invitations adressées ont été acceptées par 30 personnalités sur 36, 52 partis politiques sur 64 ainsi que la totalité des 37 organisations et associations nationales en sus des 12 professeurs d'université sollicités», a-t-on précisé dans le communiqué de la présidence. Les formations politiques ayant refusé de prendre part à ces consultations sont essentiellement issues des milieux de l'opposition, excepté pour le FFS où la question de sa participation ou non n'est pas encore tranchée. Les partis proches du pouvoir ont accueilli favorablement l'initiative présidentielle portant sur la révision de la loi fondamentale. Cependant, leurs propositions en ce sens ne sont pas encore dévoilées. C'est le cas à titre d'exemple du FLN qui prévoit de réunir son comité central (CC) le 23 juin pour présenter ses propositions sur le sujet.