Se rendre à El Mouradia et faire des propositions sur la révision de la loi fondamentale constituent leur toute première action politique. Le défilé vers les bureaux du directeur de cabinet de la Présidence, enclenché depuis le début du mois dernier, a fait sortir une foultitude de partis microscopiques d'un total anonymat, de leur tanière. Ces micro-partis inaugurent leur premier agenda politique en prenant le chemin du palais d'El Mouradia. Et, en «honorant» l'invitation de l'ex-Premier ministre, M.Ouyahia. En tout cas, on ne peut pas s'attendre à mieux. Ces toutes petites formations politiques ont eu droit au chapitre au même titre que des grands partis! Une fois n'est pas coutume, ils ont eu tous les égards des médias publics y compris, bien entendu, ceux de l'Entv. D'ailleurs, leur participation a fait les choux gras de la presse publique. En guise de première activité dans leur trajectoire politique, ces incognitos sont allés formuler des propositions sur la révision de la loi fondamentale. Au rythme de cinq rounds par jour, Ahmed Ouyahia a reçu en moyenne deux à trois partis par jour et trois personnalités, universitaires ou représentants d'organisations de masse. De ce fait, M.Ouyahia a dû compiler des piles de propositions dans le cadre de ses consultations marathoniennes sur la révision de la Constitution. Le plagiat et la répétition de la même proposition ont marqué la plupart des interventions formulées. Tout au long de plus d'un mois, Ahmed Ouyahia s'est entouré d'une foule de petits partis dits communément «Sanafir». Dans ce contexte, au-delà des partis plus ou moins connus sur la scène politique (FLN, RND, FFS, PT, MPA, TAJ), d'autres sigles politiques hétéroclites, à l'image des PFP, PAL, Mnta, Fadle, PVN, Pund, PRD, UND, Fnal... se taillent une part du lion sur la liste de hôtes de Ahmed Ouyahia autour des amendements à apporter à la Constitution. Ces partis ont été agréés en 2012 sous l'effet de la vague du printemps arabe qui a contraint le pouvoir en place à ouvrir la boîte de Pandore scellée depuis 1999. Aucun parti parmi cette bande de partis saisonniers et partis Ansej pour d'autres, du moins pour ceux qui ont fait des propositions, n'a revendiqué la mise en place d'une période de transition ni encore moins exigé la création d'une instance indépendante pour le suivi et le contrôle des élections. Ahmed Ouyahia a reçu hier son dernier invité qui est le parti dit El Wassit Essiyassi. En revanche, une conférence à laquelle ont pris part la majorité des formations politiques et personnalités influentes de l'opposition, des islamistes aux laïcs, en passant par les nationalistes s'est tenue en parallèle à Zéralda. Si l'opposition dépeint l'Algérie comme un pays empêtré dans une crise politique profonde et dangereuse pour le pouvoir comme pour Ahmed Ouyahia, l'Algérie d'aujourd'hui est un Etat aux Institutions démocratiques et n'a nullement besoin de période de transition. Et en tout cas, le boycott des consultations par l'opposition n'aura aucun impact sur la feuille de route du pouvoir. Concernant l'appel de certaines parties de l'opposition à une immixtion de l'Armée nationale populaire (ANP) dans une éventuelle période de transition, M.Ouyahia a précisé que l'Institution militaire «ne saurait être au service des manoeuvres politiques». Pour rappel, le 15 mai dernier, la présidence de la République avait adressé des invitations à 150 partenaires constitués notamment des partis politiques, organisations et associations nationales représentant diverses corporations, en vertu de la décision du président Bouteflika, prise le 7 mai dernier, en Conseil des ministres. Les invitations ont été acceptées par 30 personnalités sur 36 destinataires, 52 partis politiques sur 64 invités, toutes les organisations et associations nationales destinataires d'une invitation et les 12 professeurs d'universités sollicités.