«Les malékites au même titre que les ibadites, font la prière presque de la même façon» Le nouveau ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a abordé sans tabou les questions de la pratique religieuse en Algérie, ouvrant la porte au débat! Sans tabou ni langue de bois, le nouveau ministre des Affaires religieuses et des Wafks, Mohamed Aïssa, est monté au créneau pour clarifier et souvent rappeler certains principes immuables. Sur les colonnes de la presse nationale, il explique avec une rare franchise, sa vision de la pratique religieuse en Algérie. Le dernier entretien en date a été publié, hier, par le quotidien arabophone El Khabar. M.Aïssa est revenu sur les questions brûlantes du moment. D'abord, il a parlé de la polémique qui a été faite suite à ses déclarations sur la réouverture des synagogues. Il affirme d'emblée que ces propos ont été sortis de leur contexte à des fins politiques. «Je me suis exprimé et j'ai ouvert le débat sur les principes et les règles fondamentales gérant le culte des non-musulmans. J'ai dit que les lois de la République garantissaient la liberté de conscience et la pratique de cultes autres que musulman», a rappelé le ministre des Affaires religieuses non sans conditionner la réouverture de ces lieux par leur sécurité. «Et la sécurité ne peut pas exister via des cordons de police ou gendarmerie. Elle doit exister à travers l'acceptation de la société. Mais avec le bombardement (israélien) de Ghaza, les Algériens ressentent une frustration. En fait, j'ai même remarqué une réticence chez la communauté juive quant à cette réouverture. Car, dans ce cas ils doivent être obligatoirement identifiés, ce que cette communauté ne veut pas pour le moment», a-t-il souligné. «Lors de l'entretien que j'ai accordé au représentant de la communauté juive en Algérie, je lui ai dit texto que si vous voulez vous faire accepter par les Algériens, il faut lancer un appel contre le massacre des Palestiniens à Ghaza, et vous démarquer ainsi des sionistes», a-t-il attesté. Autre sujet d'actualité abordé par le ministre, Ghardaïa et la «fitna» qui a mené vers cette situation. Pour Mohamed Aïssa la solution ne peut pas venir des délégations officielles mais des simples citoyens. «La société arrivera à une solution avec l'accompagnement et l'acceptation et non par les communiqués, déclarations ou démonstrationd de force...», a-t-il soutenu. «L'ibadisme n'est pas une identité ou une religion mais une façon de pratiquer la religion. La source de l'ibadisme est le Saint Coran et la sunna», a-t-il précisé en rappelant que les Algériens avaient fait un don d'un milliard de centimes pour les pauvres de Ghardaïa. «Les malékites au même titre que les ibadites, font la prière presque de la même façon. Ils font la lecture du Saint Coran de la même façon et lisent la même version. Ce qui les unit est plus consistant que ce qui les désunit», a-t-il rétorqué avant de rappeler la source de la «fitna» «À Ghardaïa, l'instrumentalisation se passe au niveau de la Toile, à travers des ouvrages, des dépliants distribués aux jeunes et en se référant à d'autres mouvements comme le salafisme. La chaîne MBC, par exemple, a diffusé un discours haineux contre les ibadites», dénonce-t-il. Concernant les salafistes, le ministre a appelé leurs représentants, notamment cheikh Ferkous, à se rapprocher de son ministère pour dialoguer. «Seul le dialogue nous permettra d'arriver à des solutions», atteste-t-il. Pour ce qui est de l'évangélisation, le ministre des Affaires religieuses fait savoir qu'ils ont été au nombre de 13 durant les six derniers mois. «On les connaît, on a leurs adresses et leurs noms. Et on sait que leur évangélisation n'est pas réelle. La majorité d'entre eux sont habités par un esprit d'opposition envers le pouvoir. Il le font donc pour exprimer leur opposition», estime-t-il. «Mais je leur dis que l'opposition au pouvoir doit s'éloigner de la religion. Car cela ne mène à rien, mis à part de toucher la sensibilité de la société et créer des tensions entre les Algériens», poursuit-il. Enfin, le ministre est revenu sur le recrutement de jeunes Algériens par des groupes terroristes internationaux. «Des Algériens ont combattu dans la bataille de la Rivière Froide au Liban, mais aussi en Irak et maintenant ils sont recrutés par le groupe Daech en Irak et en Syrie», révèle-t-il en précisant que le recrutement ne se fait pas dans les mosquées, mais dans leur environnement. «Notre position est la prudence et la sensibilisation. La solution est de consolider le référent religieux des jeunes et les sensibiliser sur les dangers du radicalisme», a-t-il conclu par ce qui ressemble à une plaidoirie pour le retour aux fondements de la pratique religieuse en Algérie.