Les rebelles syriens ont marqué des points dans la région de Damas face aux djihadistes de l'Etat islamique (EI) qui s'est emparé de larges territoires en Syrie et en Irak et est en train de vendre du pétrole syrien à des négociants irakiens. Les rebelles mènent la guerre contre les djihadistes ultra-radicaux sunnites de l'EI et contre le régime de Bachar al-Assad, qui s'est dit hier sûr de la «victoire» grâce au soutien de ses alliés, notamment la Russie. Après des revers cuisants subis dans le nord et surtout l'est de la Syrie et à l'issue d'une offensive lancée il y a trois semaines, les rebelles ont réussi à chasser les combattants de l'EI de quatre de leurs bastions au sud-est de Damas, Mesraba et Maydaa, dans la Ghouta orientale, ainsi que de Yalda et Beit Sahem, mais ils résistent toujours dans d'autres localités au sud de la capitale syrienne. «Les combattants chassés se sont retranchés dans Hajar al-Aswad, Tadamon et Qadam», des quartiers au sud de Damas, où ils ont une forte présence, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh). Et lundi à l'aube, des combats ont éclaté à Hajar al-Aswad et Qadam entre l'EI et les rebelles, rapporte l'Observatoire selon qui les rebelles «veulent en finir avec la présence de l'EI dans la région de Damas». «L'Etat islamique n'a plus de bases dans la Ghouta orientale et nous poursuivons les résidus de cette organisation. (...) Nous pouvons dire qu'ils n'ont plus une forte présence dans la région de Damas», a affirmé via Internet le capitaine Abdel Rahmane al-Chami, porte-parole de Jeish al-Islam, une des composantes du Front islamique (coalition de brigades rebelles islamistes). Depuis le début de l'insurrection armée en Syrie, la région de Damas est restée un bastion de la rébellion et malgré de nombreuses offensives, l'armée, forte de son aviation et du soutien du Hezbollah chiite libanais, n'a pas réussi à les déloger. Les rebelles défendent par ailleurs leurs bastions à Alep (nord) et dans le sud. Lundi à l'aube, au moins 10 personnes - une enfant, une femme et sept rebelles dont un commandant islamiste - ont péri dans les raids de l'armée de l'air qui visent quotidiennement l'ex-capitale économique du pays. Le régime est sûr de sa «victoire» sur les rebelles grâce au soutien de ses alliés et notamment celui de Moscou, a affirmé le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem dans une lettre à son homologue russe. Le régime assimile la contestation à du «terrorisme» depuis le début des manifestations pacifiques ayant dégénéré face à une répression brutale en insurrection armée puis en guerre civile qui a fait plus de 170.000 morts et 9 millions de déplacés. «La Syrie est plus que jamais déterminée à écraser les terroristes pour défendre sa souveraineté (...) et la sécurité de la région», a assuré M.Mouallem. En guerre ouverte depuis janvier avec les rebelles, l'Etat islamique a pris le contrôle de la grande majorité de l'est syrien, avec ses champs de pétrole et de gaz et une partie de la frontière nord avec la Turquie, où ils sont également en conflit avec les Kurdes qui défendent leur autonomie. Selon l'Osdh, l'EI vend du pétrole et du gaz liquide extraits des champs qu'ils contrôlent en Syrie à des négociants irakiens qui les transportent quotidiennement dans des camions-citernes vers l'Irak. D'après M.Abdel Rahmane, «le baril de pétrole est vendu aux commerçants irakiens entre 20 et 40 dollars». L'Osdh indique par ailleurs que l'EI vend également du pétrole à des prix bas, de 12 à 18 dollars, dans les régions qu'il contrôle en Syrie «afin de s'attirer le soutien de la population locale». L'EI, qui affiche sa volonté hégémonique et a annoncé fin juin l'établissement d'un «califat» à cheval sur la Syrie et l'Irak, revendique des «châtiments» atroces à l'encontre de ses ennemis comme des crucifixions, des décapitations et même récemment des lapidations de femmes accusées d'adultère.