Un journaliste jordanien, Yasser Abou Hilala, a été nommé nouveau directeur général d'Al-Jazeera, la chaîne d'informations en continu qatarie émettant en langue arabe, a annoncé jeudi dernier le groupe qatari Al Jazeera Satellite Network. Al Jazeera était dirigée par l'Algérien Mostafa Souag, nommé directeur par intérim de la chaîne arabe et d'Al Jazeera Satellite Network après le départ, fin 2011 de l'homme fort du groupe d'origine palestinienne, Wadah Khanfar, mais possédant la nationalité jordanienne et qui avait des sympathies islamistes. Durant trois ans, l'Algérien d'Al Jazeera, Mostafa Souag, n'a apporté aucun changement à la télévision qatarie. Il faut dire aussi qu'il n'a jamais été confirmé dans son poste. Son passage était presque passé inaperçu. D'ailleurs, M.Abou Hilala, 45 ans, était jusqu'à sa nouvelle nomination directeur d'Al Jazeera à Amman où il a été en poste pendant 15 ans et également proche du mouvement des Frères musulmans. Il a mis sur le profil de sa page Twitter la main en jaune avec le chiffre quatre pour manifester sa sympathie aux islamistes et son opposition au régime militaire au Caire et aux régimes opposés dans les pays du Golfe. Durant ces années, il a assuré plusieurs missions pour la chaîne du Qatar dans divers points chauds du Monde arabe, dont l'Irak, le Liban et la bande de Ghaza ou des pays du Printemps arabe (Tunisie, Egypte et Syrie). Ce journaliste qui a commencé sa carrière professionnelle en 1990 comme correspondant à Amman du quotidien panarabe Al-Hayat, a également produit des films documentaires. L'un de ces documentaires a été consacré à la tentative du Mossad israélien de tuer, en 1997 à Amman, l'actuel chef en exil du mouvement islamiste palestinien Hamas, Khaled Mechaâl. Ce documentaire est intitulé Tuez-le en silence. L'arrivée de M.Abou Hilala à la tête d'Al Jazeera intervient en pleine guerre entre Israéliens et Palestiniens de la bande de Ghaza, à laquelle la chaîne consacre une large couverture. Depuis quelques jours, d'ailleurs, la chaîne a repris son audience perdue durant la révolution arabe. La chaîne qatarie a eu même des démêlés avec les régimes arabes qu'elle irritait par sa couverture souvent jugée orientée, ses détracteurs dénonçant une ligne éditoriale trop favorable aux islamistes, notamment après leur triomphe dans les pays du Printemps arabe. L'Arabie Saoudite en froid diplomatique avec Doha depuis mars exige, entre autres, qu'Al-Jazeera arrête sa couverture jugée biaisée en faveur des islamistes en Egypte et ailleurs. Ce dernier a également fermé le bureau du Caire et emprisonné trois de ses journalistes dont deux Occidentaux. Créée par le Qatar en 1996, Al Jazeera dispose de plus de 65 bureaux à travers le monde et compte plus de 3000 employés dont quelque 400 journalistes d'une soixantaine de pays. [email protected]