«Bob Marley est un exemple de réussite pour moi» Il est libre comme Bob Marley, artiste jusqu'au bout des ongles, chante, écrit, compose et peint. Ses écrits naissent d'une spontanéité matinée d'un son reggae qu'il façonne à sa guise à coups de quelques poudres de sonorités bien de chez lui comme le raï, même si le reggae demeure la matrice et son sacerdoce. Sadek et son groupe sont des bohémiens qui ne rechignent pas à se produire partout là où se fait l'appel de la vague, faisant fi souvent aux mauvais aléas du son et des scènes. Sadek a ce don de communier avec son public comme rare les artistes savent le faire. Entre gravité et souplesse, l'artiste aime se donner à fond pour son public. Et cette sincérité s'en ressent pleinement sur scène.Que ce soit au Théâtre de verdure d'Oran, dans une cité universitaire, devant un parterre de filles en furie, à l'Esplanade de Riad El Feth ou encore sur le plateau Well Sound by Moblis sous le chapiteau du Hilton où nous l'avons recroisé en ce mois de Ramadhan, le charmant artiste à la belle tignasse, à la dégaine d'un poète désinvolte, mais aussi et à l'énergie débordante de feu a bien accepté de répondre à nos questions avec le sourire, avant d'aller à la rencontre se ses fans... L'Expression: Sadek Démocratos, vous êtes un artiste d'Oran, vous chantez le reggae. Question bateau, pourquoi ce style notamment et pas le raï par exemple? Sadek Démocratos: on fait du reggae, mais à notre façon. Dans ma musiques on y trouve aussi diverses petites touches musicales dont certaines orientées vers le raï, et d'autres styles, c'est donc une fusion, mais le raï est discernable parfois dans la façon de chanter, la percussion, dans quelques morceaux, sans que ce soit un but en soi... Votre musique en tout cas au-delà de sa forme porte en elle souvent un discours de revendication. Quel serait donc le message que porte Démocratos à la jeunesse algérienne? Notre message est «dont give up the fight!» qui veut dire il faut rester et résister. Il faut savoir dans quelle situation nous sommes déjà pour connaître ses problèmes. La jeunesse lui manque-t-il du travail? a t-elle besoin de se divertir? Donc tout ce qui manque, on essaye de le dire et le dénoncer à travers nos chansons. Le message tourne essentiellement autour de la jeunesse, son vécu, que ce soit dans le passé, le présent ou le futur. Vous avez une très belle chanson qui s'appelle Mazal. Justement, un mot là-dessus. Une chanson qui apporte beaucoup d'espoir... Je l'ai écrite en un seul jour, en la pensant comme un poème d'abord, sans mélodie ni rien. J'avais besoin d'écrire ce jour-là. Après, à chaque fois, il m'arrivait de l'interpréter différemment. Parfois dans le style R'N'B, parfois saoul. La dernière version était plus simple et pas du tout calculée. Les accords sont venus simplement. En plus, à chaque fois que je la jouais sur scène devant le public, en interaction avec lui, je la découvrais et je rajoutais quelque chose. C'est un morceau qui apporte de l'espoir. Ça parle de l'historie de l'Algérie, ce qui s'est passé en Algérie, avant l'indépendance, après, le terrorisme, mais aussi les problèmes de la société, l'éducation, l'échec, la jeunesse qui fuit, la manipulation etc... Cependant malgré tout je dis qu'il y a des gens qui sont là, qui essayent de ramener quelque chose, qui essayent de changer les choses aussi à leur manière. Nous, on essaye de le faire avec la musique. Vous avez aussi cette chanson Yema hali el bab, qui possède une certaine consonance politique aussi, je trouve... A la base, ça parle d'un jeune qui a fait beaucoup d'erreurs dans sa vie. Après, il est parti car il ne pouvait rester chez lui avec sa famille. Il s'est enfui. Puis, il revient et ne trouve pas les portes ouvertes. Sa maman n'existe plus. Dans sa tête, il dit toujours Yema hali el bab. Ça peut parler en effet d'un ancien terroriste qui essaye de parler à l'Algérie en disant: «J'ai fait des erreurs, oublions ça et vivons en paix...». Ça parle de la mère aussi au sens large. Cela peut être la mère patrie aussi...C'est symbolique. Si je vous dis Bob Marley? C'est une légende. Pour moi c'est un chanteur compositeur qui a réussi dans sa vie. Car même mort, il existe toujours. Il était sûr de lui en disant: «Ma musique va rester éternelle.» C'est sa confiance en lui qui a fait qu'il réussisse. Donc pour moi, c'est un exemple pour quelqu'un qui veut réussir dans sa vie. Il faut qu'il croit en lui, step by step en mettant en valeur tous ses atouts... Et Amazigh Kateb? C'est parmi les plus grands artistes algériens qui existent toujours. Un grand chanteur engagé. Il m'avait invité sur un plateau télé comme invité d'honneur, je le remercie. Il m'a invité alors que je ne le connaissais même pas. Il a écouté ma musique et a trouvé qu'elle était presque dans le même cadre et état d'esprit que la sienne. Amazigh a changé complètement la musique gnawi en la rendant populaire, accessible et sociable. C'est grâce à lui que tous ces festivals de gnawi comme au Maroc existent... Les gens ne connaissant pas le gnawi de cette façon. Tout le monde s'inspire aujourd'hui de la musique qu'a faite Amazigh Kateb. Donc bravo à Gnawa Diffusion, à Amazigh Kateb, son interprétation, sa présence. Pour moi, c'est un grand artiste complet qui sait ce qu'il veut et ce qu'il fait. Vous en êtes où dans la préparation de votre premier album? On prépare notre premier album dans un studio d'enregistrement en France, mais on a commencé à Tizi Ouzou suite à notre rencontre avec un réalisateur-producteur français d'origine mauricienne. Il avait joué avec bob Marley, sur No woman, no cry notamment. Il a joué aussi avec Cat Stevens, avec Police, Sting etc. Il a fait beaucoup de tubes et d'albums et c'est lui qui va réaliser notre album. On s'est mis d'accord pour qu'il travaille avec nous. Ceci a pu se faire grâce à Yacine Bouaziz de Thala films Production. Donc on a commencé et on va finir l'album en France Inchaallah. Mais la sortie de l'album va prendre du temps car on sera obligé de faire de la promo, des clips, avant de le mettre sur le marché. L'album sortira je pense en 2015.