Quarante ans après l'album Catch A Fire qui a marqué les débuts internationaux de Bob Marley, le chanteur français Yannick Noah s'offre un album plaisir avec Hommage, constitué de reprises très personnelles des chansons de celui qui continue encore d'incarner le reggae, plus qu'une musique. Ceux qui ont en mémoire les premiers tennis-concerts organisés au milieu des années 1990 par Yannick Noah gardent sûrement l'image à l'esprit : pieds nus sur la scène, l'ex-sportif reprenait Get Up Stand Up de Bob Marley avec une ferveur indéniable qui dépassait son inexpérience au micro. Quelques années plus tard, à l'aube de son succès en tant que chanteur, lors de son premier passage dans la salle parisienne de l'Olympia, le répertoire du roi du reggae était aussi au programme avec une version acoustique de Redemption Song. Que le métis franco-camerounais consacre un album entier au métis anglo-jamaïcain qui fut la première star planétaire venue du tiers-monde, cela n'a rien d'étonnant. Ne pas se méprendre : il ne s'agit pas d'un album de reggae, mais de chansons de Bob Marley dont Yannick Noah donne sa lecture. Chacune d'entre elles lui parle, il les aime, cela s'entend. Sa voix, si éloignée de celle du patron des Wailers, crée un décalage qui peut s'avérer difficile à combler pour les fans de longue date du Jamaïcain. Burnin & Lootin, en ouverture du CD, installe le décor. La douceur du chant contraste avec la tension contenue, inhérente à ce morceau qui collait si bien aux images du film La Haine de Mathieu Kassowitz. Elle convient plus naturellement au ton léger d'Easy Skanking dont l'introduction fait repenser aux propos tenus à la télévision par le tennisman Noah au sujet de Wimbledon et de l'usage qu'il préférait faire de l'herbe ! De Could You Be Loved à Natural Mystic, en passant par Africa Unite, Buffalo Soldier, cette sélection de quarante minutes passe en revue quelques-uns des titres forts de la période 1972-80, dans un style dépouillé. Chargé de la réalisation de l'album et passionné lui aussi par la matière première du projet, le jeune chanteur et musicien français Siméo s'est avéré un partenaire inventif, prêt à prendre des risques. Au-delà des intentions et du résultat artistique, Hommage aura comme conséquence certaine d'élargir encore un peu plus le cercle de la famille que l'œuvre de Bob Marley fédère à travers la planète depuis plusieurs décennies. Le pouvoir des vibrations positives.