Elles envahissent les marchés, les trottoirs et les autoroutes avec leurs marchandises. Afin de donner un coup de main à leur conjoint, les femmes au foyer mettent la main à la pâte. Elles assurent et assument entièrement le double rôle afin de survivre dignement. Des centaines de braves femmes donnent naissance à des métiers au coeur de leurs foyers. Elles préparent toutes sortes de pâte, dont les salés, les sucreries et le pain garnissent leurs paniers. Elles envahissent les marchés, les trottoirs et les autoroutes avec leurs marchandises. De la galette, khobz eddar, dyoules, matloue et autres... sont livrés au quotidien chez les épiciers des quartiers populaires et aux supérettes. Saliha Gasmi, une femme au foyer d'un certain âge, livre elle-même au quotidien à la supérette de Oued-Romane, à El Achour, du pain maison. Elle partage avec nous, avec toute modestie son quotidien si chargé. «Chaque jour, je me réveille à 5h du matin, pour préparer le pain maison pour les commandes des clients. Ensuite, j'enchaîne avec les commandes des supérettes puis, je prépare la pâte pour qu'elle repose afin de l'utiliser pour la commande de l'après-midi», indique Khalti Saliha, en poursuivant qu'elle prépare environ 100 galettes par jour. «Parfois plus, je suis appelée a satisfaire ma clientèle, je tiens à garder ce lien». Elle explique que pendant le mois sacré, le travail était plus fatigant notamment que la surcharge et les commandes augmentent. «Je me précipite le matin tôt au marché, de peur que les produits de qualité ne manquent. J'ai juste quelque temps pour préparer le déjeûner avant de remettre les mains à la pâte», rajoute-t-elle. Khalti Salhi, la femme brune dont les rides ont dessiné des trais fins sur son visage et sur ses mains, nous explique les raisons qui l'ont poussée à vendre de la galette et supporte toute cette charge. «Je n'ai pas d'enfant et la retraite de mon mari ne couvre pas toutes les charges. Elle est tellement modeste que je me suis senti obligée de lui donner un coup de main, notamment qu'il est malade et son traitement est coûteux», révèle-t-elle. La plupart de ces femmes sont poussées à travailler à cause du besoin et des dures conditions de vie. D'un autre côté, Karima.B, B. une autre jeune fille, célibataire, la trentaine, rencontrée à Alger-centre, nous ouvre son coeur et nous raconte son quotidien. «Ma journée est très chargée, malgré le planning que je respecte au pied de la lettre. Nous sommes trois filles à la maison, chacune d'entre nous a une tâche à accomplir. Une prépare la pâte, l'autre cuisine le pain sur le tadjin et moi je me charge de la vente.» Elle poursuit avec satisfaction et un large sourire: «Nous sommes comme des machines.» Malgré la fatigue, la chaleur et le jeûne, la jeune fille dessine toujours un beau sourire. «Dieu merci, depuis le début du mois sacré, notre fatigue n'est pas en vain, nous avons été bien récompensées et gagné notre petit commerce», souligne Karima en précisant qu'elle vend plus de 150 galettes par jour, à 30 DA la pièce. «Je fais mon travail avec un réel plaisir», conclut la jeune femme. Aussi, souvent, nous observons des enfants de bas âge sur les trottoirs, les marchés et sur les autoroutes, en train de vendre et séduire les passants avec des mots doux afin de les convaincre d'acheter. De son côté, Mourad Kara, un propriétaire d'une supérette à Ben Aknoun, s'est montré très satisfait des services de la dame qui lui prépare le pain maison. «Les femmes jouent un rôle de premier ordre dans la bonne gestion de la famille. Elles sont les piliers du foyer. Avec toute sincérité, chapeau bas pour ces femmes qui travaillent dur pour assumer leur vie et celle de leur famille», indique-t-il en ajoutant que «je dois dire que la galette traditionnelle est très demandée par ma clientèle». Pour lui, ces femmes méritent tout le respect, notamment qu'elles dorment peu et investissent beaucoup d'efforts. «Ces femmes pour la plupart d'entre elles sont responsables de familles, dont les conjoints, gagnent peu en contrepartie ou sont en chômage. Ils sont très mal payés pour qu'ils puissent subvenir aux besoins», souligne encore une autre fois le même propriétaire. Par ailleurs, la cherté de la vie et les dépenses quotidiennes qui s'amplifient de plus en plus, leur ont tant rendu la vie pénible.