Ce très juteux créneau est en plein essor. Dans le long terme, il pourrait représenter un danger pour l'économie nationale en devenant le nouveau marché noir. Les femmes qui travaillent étaient un tabou dans la société algérienne. Mais avec la cherté de la vie et la dégradation du pouvoir d'achat des foyers, c'est devenu une nécessité et non un luxe. Et cela quel que soit le milieu social. Des femmes au foyer sans aucune instruction se sont retrouvées obligées de se trouver un emploi. Malheureusement pour elles, les postes de travail ne courent pas les rues, surtout pour des femmes qui plus est sont sans instruction. Ces courageuses femmes ne se sont pas résignées à leur triste sort. Loin de là, elles ont trouvé une solution qui n'est autre que le «business home». Ce dernier a fait son apparition dans le paysage algérien au début des années 1990 avec la chute du socialisme. A cette époque-là, le «trabendo» était la grande mode. Les femmes avaient pour rôle de vendre les «cabas» que leur fils, frères ou maris ramenaient de l'étranger. Nana, une sexagénaire avoue avoir «survécu» grâce à ce commerce. «Mon mari est décédé, je me suis donc retrouvée seule à élever cinq enfants», nous raconte Nana. Elle ajoute que si ce n'était la marchandise que lui «ramenait son frère de France et qu'elle revendait dans son voisinage», elle n'aurait jamais pu survire. Autre époque, autres moeurs. Le «business home» a évolué et s'est transformé en vente de produits traditionnels à domicile. Les vendeurs de gâteaux traditionnels poussent comme des champignons. De la kasra (galette) en passant par le M'smen. Ces recettes de grands-mères ont un succès fou. Les femmes qui avaient opté pour cette formule afin d'arrondir leurs fins de mois, ont bien senti le coup en développant leurs business. Kahina, une jeune mère de famille a accepté de nous raconter son histoire qui est digne d'un «American Dream». Sans un sou en poche, Kahina et son époux quittent leur village natal pour la capitale. Les débuts sont très difficiles. Le mari de Kahina peine à trouver un emploi stable. Il vivait dans un garage, ce qui a poussé la jeune femme à opter pour le système D. Elle s'est mise à «confectionner de la galette traditionnelle qu'elle revendait». Le succès était tel que la femme a diversifié sa «gamme», en proposant toutes sortes de gâteaux tels que «l ‘bradje, le m'semen, ou larfafe». Elle s'était même mise à confectionner des pâtes traditionnelles comme «la rechta, ou le berkoukess...». En six ans d'activité, Kahina a réussi à construire un véritable «empire de la kasra». Elle dispose maintenant d'une «franchise» de six magasins éparpillés à travers diverses régions du territoire national. Ces boutiques l'ont sortie de la misère, et ont même assuré de l'emploi à pratiquement toute sa famille. Pour plaisanter, elle dit «vouloir exporter ses produits». Toutefois, Kahina, n'est pas un cas isolé. D'autres femmes ont, pour leur part, opté pour la confection de gâteaux pour les mariages. «Ma fille prépare les plus beaux gâteaux de mariage, venez voir de vos propres yeux», nous incitera Khalti Fettouma. Cette dernière nous explique que «C'est grâce aux gâteaux de sa fille que ses autres enfants ont pu terminer leurs études. On a même achevé la construction de notre maison». Les gâteaux de la fille de Khalti Fettouma, sont tellement appréciés qu'elle a décidé d'enseigner ses talents à des jeunes filles. «C'est un échange de bons procédés, ma fille leur apprend à faire les gâteaux, et ses apprentis l'aident à honorer ses nombreuses commandes», dira, Khalti Fettouma. Les produits du terroir (miel, pollen, huile d'olive etc.), ont aussi connu une résurrection inattendue. Ils se vendent partout. Comme les gâteaux traditionnels, ils représentent un marché très juteux. La réussite et l'expansion de ces nouveaux «vieux métiers», s'explique en grande partie par le fait que la société algérienne est en perpétuelle mutation. Alors qu'à une époque pas si lointaine, une personne qui achetait ce genre de produits était mal vue. Désormais, ça s'est ancré dans les moeurs. Les Algériennes qui sont prises par leurs boulots et les contraintes de la vie, n'ont plus de temps à consacrer aux recettes traditionnelles.