Le terrorisme n'ayant pas réussi à franchir nos frontières, ce sont les virus qui se chargent de venir nous pourrir l'existence. Alors que le virus ebola poursuit son avancée en Afrique de l'Ouest suivi de loin par nos services de santé, le virus de la fièvre aphteuse a réussi à pénétrer chez nous par l'Est. Il avance au fil des jours et des semaines. Aux dernières nouvelles il est dans la capitale. Non loin d'Alger, à Zéralda et Bouchaoui, 18 bovins contaminés ont été abattus, samedi dernier, par les services vétérinaires. Commençons par rassurer en disant que la fièvre aphteuse ne touche que les animaux et que même en mangeant leur viande, l'humain n'est pas contaminé. A l'exception toutefois du lait non pasteurisé. Les laiteries doivent donc redoubler de vigilance. Il n'en demeure pas moins que sur le plan économique cette fièvre aphteuse peut causer d'énormes dégâts au cheptel. Comme il n'existe pas encore de traitement connu, le vaccin reste la seule arme de défense. Traduisez par la vaccination du cheptel sur l'ensemble du territoire national (bovins, ovins et caprins). Plus dangereuse est la menace d'ebola. Ce n'est pas un seul virus mais cinq types de virus de la même «famille» de ce qu'on appelle les filovirus. Celui qui est en activité en ce moment a déjà sévi en 1976 en République démocratique du Congo. Après une rémission, il vient de ressurgir en Afrique de l'Ouest. Il suffit qu'il atteigne le Mali, frontalier avec la Guinée où il est présent, pour nous sentir plus concernés que jamais. Les Etats-Unis viennent d'enregistrer leurs premières victimes. Ce sont deux médecins américains qui travaillaient pour le compte d'une ONG au Libéria. L'un d'eux a été rapatrié, hier, à Atlanta (USA) pour y être hospitalisé. Ceux qui ont vu les images de son rapatriement ont dû se rappeler les conditions d'isolation dignes de celles des cosmonautes. Son hospitalisation aux Etats-Unis ne signifie pas qu'il est sauvé. Il sera mis en quarantaine et hydraté. Pour l'heure il n'y a rien d'autre à faire. Pas de vaccin ni traitement. Un sommet des chefs d'Etats touchés par le virus (Guinée, Libéria, Sierra Leone et Côte d'Ivoire) s'est tenu vendredi dernier à Conakry en présence de la directrice de l'OMS, Margaret Chan. Le Libéria a fermé toutes les écoles tandis que la Sierra Leone a décrété l'état d'urgence. Sur 1200 cas de malades contaminés, en Afrique de l'Ouest, depuis le début de l'épidémie en février dernier on compte 672 décès. C'est-à-dire la moitié. Comme il a été dit plus haut, le virus a été découvert en 1976. Le professeur belge, Peter Piot, qui est l'un des découvreurs, ne pense pas que l'épidémie puisse atteindre l'Europe. Pour lui c'est «une infection qui nécessite un contact très proche». Un peu comme pour le sida et tout le monde comprendra ce qu'il a voulu dire par «contact proche». Il faut y ajouter les conditions d'hygiène qui sont loin d'être les mêmes au Sierra Leone et en Belgique. Bref, c'est un virus qui est fait pour tuer les pauvres. Des voix s'élèvent d'ailleurs pour développer la théorie du complot. Certaines familles refusent même de conduire leurs malades dans les hôpitaux où le personnel de Médecins sans frontières est présent. Elles accusent cette ONG d'être à l'origine de la propagation du virus. Ceci dit, il y a une telle conjonction d'épidémies (fièvre aphteuse, ebola, coronavirus,...) qu'il est difficile de se contenter de la piste du hasard. Pour l'heure, notre ministère de l'Agriculture a mobilisé 10.000 vétérinaires. 35.000 doses de vaccin ont été distribuées. 900.000 autres doses le seront le 9 août prochain. Les éleveurs seront tous indemnisés à 100%. Difficile de faire mieux. Reste l'ebola qu'il faudra surveiller surtout dans les camps des réfugiés subsahariens. Sans, pour cela, perdre de vue nos pèlerins. Une lutte sur plusieurs fronts où la seringue remplace le fusil!