En raison de l'interdiction du transport d'animaux contaminés et l'offre qui sera réduite, les commerçants prévoient une flambée des prix. Propagé de façon fulgurante, la fièvre aphteuse est bel et bien là, et avec elle une psychose chez les agriculteurs et les citoyens. Le constat des commerçants est que rien de bon n'est présagé. On parle même des prix qui vont flamber dans les deux ou trois prochains mois, ce qui va certainement remettre en question l'Aïd El Adha prévu pour le début octobre prochain. En effet, selon Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), qui a animé une conférence, hier, le constat est critique. Abordant le sujet qui traumatise les agriculteurs, il a indiqué que «la fièvre aphteuse a un impact direct sur les prix des viandes en tous genres, et du coup sur l'offre». Explication: «Si parmi 2 millions de têtes, 1000 sont contaminées, cela aura bien évidemment une répercussion sur l'offre». Pour lui, le risque des prix qui vont augmenter est plus que probable, mettant en garde que «si la fièvre aphteuse perdure et se propage encore, en touchant les vaches d'engraissement et vaches laitières, il y a un risque sur la production de lait et des viandes qui se raréfieront». A cet effet, M.Boulenouar a déclaré «nous souhaitons que l'épidémie soit vite maîtrisée». Remontant le fil des raisons de cette contamination, le porte-parole de l'Ugcaa n'a pas manqué de déplorer, en référence au ministère de l'Agriculture: «Pourquoi on attend toujours que le mal soit fait pour qu'on commence à bouger?» et de marteler «où sont les programmes et stratégies de prévention?». En outre, il a appelé les autorités à ne pas augmenter les quantités d'importations, quelle que soit la situation, car cela désencouragerait fortement les agriculteurs. Une augmentation du volume des importations témoignerait, selon lui, d'une «insuffisance dans la production». Par ailleurs, M. Boulenouar s'est étonné quant au potentiel du cheptel algérien qui avoisinerait les 2 millions de bovidés et plus de 20 millions d'ovins. «Comment se fait-il que depuis cinq ans, on nous fournit toujours les mêmes chiffres? Logiquement, notre cheptel devrait augmenter, surtout avec les dispositifs de l'Etat qui encourage les agriculteurs, alors qu'aucun résultat n'est palpable sur le terrain», s'est-il désolé. M.Boulenouar n'a pas manqué de relever la problématique de la sensibilisation au profit des agriculteurs qui, selon lui «ne bénéficient d'aucune action de sensibilisation et de prévention de la part des chambres d'agriculture». Toutefois, il a salué la récente décision du ministre de l'Agriculture quant à l'interdiction du transport des animaux, en déclarant «on soutient cette décision». De son côté, Mohammed Taher Ramram, président du Comité national des viandes rouges, et membre du Conseil national interprofessionnel des viandes rouges, a appelé les commerçants à ne pas acheter «de la viande acheminée d'autres wilayas» ainsi que la nécessité d' «exiger des certificats vétérinaires avant l'achat». Selon lui, les prix sont certes bas en ce moment, mais cela ne présage rien de bon. Son pronostic: d'ici 2 ou 3 mois, il y aura une diminution drastique dans le potentiel bovin, ce qui se traduira par une hausse des prix, que se soit pour les bovins ou les ovins. La source et la raison principale de la propagation de l'épidémie, selon lui, demeure «le manque de conscience des agriculteurs». Toutefois, M.Ramram a souligné que «le cheptel algérien est à 100% importé» et de relever «on n'a pas de race locale», ce qui constitue un handicap majeur surtout avec l'avènement de cette maladie. Il a également indiqué qu'«à Bordj Bou Arréridj le prix du kilogramme de viande a chuté à 400 DA». Selon, M.Ramram, c'est aux maquignons et agriculteurs d'aller vers les chambres agricoles et non pas le contraire. Selon les dernières informations fournies par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, l'épidémie aurait touché 16 wilayas du pays..