L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) discutait hier à huis clos avec des experts en éthique médicale de l'éventualité d'une utilisation de traitements expérimentaux contre Ebola, alors que la Côte d'Ivoire a suspendu ses vols avec les pays touchés. La Côte d'Ivoire est ainsi allée plus loin que les recommandations de l'OMS face à cette fièvre hémorragique Ebola qui a fait près de 1.000 morts en Afrique de l'Ouest en huit mois. Elle a annoncé hier la suspension des vols de sa compagnie nationale vers et depuis les pays affectés par la fièvre Ebola et a interdit à toutes les compagnies de transporter les passagers de ces pays vers Abidjan. La côte d'Ivoire, voisine du Liberia et de la Guinée, où l'épidémie a fait des centaines des morts, présente un niveau d'alerte très élevé, selon les autorités sanitaires. Abidjan avait déploré à la mi-juin un «relâchement de la vigilance» face à la maladie. Aucun cas n'a pour l'instant été signalé dans le pays où des mesures ont été prises fin mars pour éviter toute contamination. En décrétant la semaine dernière une «urgence sanitaire mondiale» à propos d'Ebola, l'OMS s'était refusée à placer en quarantaine les pays affectés -principalement Guinée, Libéria et Sierra Leone, et dans une moindre mesure le Nigeria -, demandant seulement un renforcement des précautions aux frontières. Une téléconférence se tenait hier à l'OMS entre experts notamment sur les questions d'éthique médicale pour définir une position devant les appels pressants à utiliser des médicaments non agrées pour tenter de sauver les malades. Suite au traitement avec des premiers résultats positifs de deux soignants américains et celui à venir d'un prêtre espagnol rapatrié à Madrid par l'un de ces médicaments conçu par la firme américaine Mapp Pharmaceuticals, les appels à son emploi se sont multipliés même s'il n'avait jamais été jusque là expérimenté sur l'homme et n'est donc agrée par aucune autorité sanitaire. «Est-il éthique d'employer des médicaments non agrées, et si c'est le cas quels critères doit on définir, dans quelles conditions doit on administrer ce traitement et qui doit être traité», telles sont quelques unes des questions à laquelle cette réunion doit répondre, a indiqué Marie-Paule Kieny, assistante au Directeur général de l'OMS. Elle souligne aussi que ce médicament n'est disponible qu'en faibles quantités. Elle soulève également la question d'un éventuel emploi à titre préventif pour le personnel médical. Cette réunion d'hier, focalisée sur l'éthique et convoquée dans l'urgence, devrait être suivie plus tard par une réunion plus large qui explorera les différentes pistes de traitement qui font actuellement l'objet de recherches et les moyens d'accélérer leur développement, a précisé Mme Kieny. L'épidémie actuelle, la plus grave depuis la découverte du virus Ebola en 1976, continue à s'étendre. Le Nigéria, le pays le plus peuplé d'Afrique, a signalé hier un nouveau cas. Il s'agit d'une infirmière qui avait soigné un Libérien décédé le 25 juillet à Lagos, selon le ministère de la santé. Au total 2 personnes sont mortes au Nigeria. Dans l'est du continent africain, le Rwanda a annoncé dimanche soir avoir placé en isolement un étudiant allemand hospitalisé à Kigali, présentant des symptômes de la maladie d'Ebola. Les résultats de tests auxquels il a été soumis devraient être disponibles sous 48 heures. A ce jour l'épidémie, qui se transmet par contact direct avec le sang et des liquides biologiques de personnes ou d'animaux infectés, a fait plus de 960 morts sur près de 1.800 cas (confirmés, probables ou suspects) dans les quatre pays touchés, selon l'OMS.