Les «hallaba» utilisent des baudets et des madriers pour traverser les tranchées ou détruisent les obstacles dressés sur leur chemin Quelque 500.000 litres frauduleusement détournés vers le Maroc ont été saisis durant la période de janvier à juillet 2014. Le Maroc n'en finit pas avec ses frasques. Malgré la fermeture des frontières, avec son voisin de l'Ouest, l'Algérie en subit toujours les contrecoups à travers la drogue et le trafic de carburant. Quelque 500.000 litres frauduleusement détournés vers le Maroc ont été saisis durant la période de janvier à juillet 2014, a annoncé lundi dernier un responsable de la Gendarmerie nationale qui précise que ce «business» lucratif est devenu une véritable aventure pour les contrebandiers. «Sur les sept premiers mois de l'année, les quantités de carburant saisies sont de l'ordre de près de 500.000 litres contre 320.000 litres pour la même période de l'année écoulée», a indiqué le même responsable qui reconnaît que ce phénomène constitue une véritable saignée pour l'économie nationale. Effectivement, les pertes sont énormes pour celle-ci et se chiffrent en milliards de dinars. Alors que les capacités de raffinage sont parfois dépassées par la forte consommation, le Maroc pompe le carburant de l'Algérie. Ce trafic a provoqué, à plusieurs reprises, une crise dans l'ouest du pays poussant le gouvernement à recourir à l'importation. Selon les explications du responsable de la Gendarmerie nationale, les contrebandiers parviennent à traverser la frontière terrestre entre l'Algérie et le Maroc qui est fermée depuis août 1994. Un réseau de professionnels appelé «hallaba» active dans l'écoulement du carburant sur le marché marocain. En Algérie, pays producteur de pétrole, le litre de gasoil est vendu à la pompe 0,13 euro et le litre d'essence autour de 0,20 euro contre 0,87 euro et 1,37 au Maroc. Une différence qui permet aux trafiquants de réaliser des profits substantiels. Malgré le dispositif de lutte mis en place, les «hallaba» utilisent désormais des baudets et des madriers pour traverser les tranchées ou détruisent les obstacles dressés sur leur chemin, explique le responsable de la gendarmerie. Lors d'une sortie, organisée dans la nuit de dimanche à lundi derniers, le long de la bande frontalière par le commandement de la Gendarmerie nationale, des journalistes de la presse nationale ont pu se rendre compte de l'efficacité de ce dispositif déployé par les unités des gardes frontières, en coordination avec les différentes unités de la Gendarmerie nationale. L'étau se resserre Les chiffres parlent d'eux-mêmes et reflètent les efforts déployés par les différents services de sécurité pour endiguer et enrayer définitivement ce problème. Le commandant du 17ème groupe des gardes frontières de Bab El Assa, le lieutenant-colonel Abdelwahab Benaffia, a relevé un changement de méthode des trafiquants dans le souci de «s'adapter» au dispositif de lutte mis en place. «Les trafiquants se trouvent contraints d'utiliser des baudets pour acheminer le carburant vers le Maroc, afin de réduire les risques des saisies», a-t-il dit. Dans ce sens, il a souligné que les tranchées et les obstacles érigés le long de la bande frontalière Ouest ont permis de réduire ce genre de trafic, en plus du déploiement judicieux des GGF qui s'adaptent en fonction des données et des situations rencontrées, au fur et à mesure. Une autre démarche vient d'être adoptée pour resserrer l'étau autour des trafiquants. Les unités de la Gendarmerie nationale, en coordination avec celles des GGF, procèdent, avec l'accord des services de la justice, à la perquisition de tous les entrepôts et habitations situés à proximité ou à l'intérieur de la bande frontalière. Lors de la patrouille à laquelle ont pris part les journalistes, huit baudets chargés de jerricans remplis de carburant ont été interceptés sur la bande frontalière aux environs de 1h30 du matin. Les éléments de la Gendarmerie nationale sont déterminés à mettre fin à cette saignée de l'économie nationale. Tout en tirant profit de celle-ci, le Maroc inonde l'Algérie en cannabis. Selon le dernier rapport de l'Office national de lutte contre la drogue, près de 100 tonnes de cannabis saisies en six mois proviennent du Maroc. Le Royaume chérifien exerce un chantage effréné à l'Algérie depuis la fermeture de la frontière entre les deux pays, en août 1994. Une situation qui a eu des répercussions négatives sur l'économie de la région de Oujda. Cela explique pourquoi le Makhzen continue à submerger l'Algérie en des quantités industrielles de drogue de toute nature.