Des barrages mis en place au Libéria afin d'éviter aux habitants de rejoindre les régions les plus touchées par le virus L'épidémie d'Ebola ne cesse de gagner du terrain au Liberia où des cas ont été découverts dans la seule région jusqu'alors épargnée dans le pays d'Afrique de l'Ouest déjà le plus touché. Des cas ont été découverts pour la première fois dans le sud-est du Liberia, près de la frontière avec la Côte d'Ivoire, a-t-on appris hier de sources concordantes. Selon George Williams, secrétaire général du syndicat des services de santé du pays, «c'était la dernière région épargnée par Ebola», l'épidémie qui frappe l'Afrique de l'Ouest depuis le début de l'année. Il a évoqué «deux morts à Gbokon-jelee», une ville du Sud-Est qui attire de nombreux marchands d'or de tout le Liberia et même de Côte d'Ivoire. Le responsable médical de la région, George Daouda, a confirmé un cas avéré d'Ebola. C'est dans ce pays en pleine tourmente que le coordinateur de l'ONU contre l'épidémie, le Dr David Nabarro, est arrivé jeudi soir, première étape d'une tournée dans les quatre pays touchés. L'enjeu est de pouvoir faire face à une nouvelle flambée «si nécessaire», avait expliqué l'épidémiologiste britannique jeudi à Conakry. Le Liberia est considéré comme le maillon le plus faible dans la riposte à l'épidémie, notamment en raison du nombre infime de médecins: 0,1 pour 10 000 habitants, contre 2,6 en moyenne en Afrique, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Et la faible capacité de l'unique crématorium du pays est largement dépassée par les dizaines de corps collectés quotidiennement, selon la Croix-Rouge libérienne. Cette épidémie sans précédent depuis l'apparition de la maladie en 1976 a fait au moins 1.350 morts, essentiellement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, et dans une moindre mesure au Nigeria, selon le dernier bilan de l'OMS, arrêté au 18 août. «Les systèmes de santé des principaux pays touchés étaient faibles avant le déclenchement (de l'épidémie). Maintenant ils sont submergés», a jugé la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU pour le Libéria, Karin Landgren, notant que du matériel faisait toujours défaut, comme du chlore et des équipements de protection. La Russie a décidé de rejoindre la mobilisation internationale: un avion du ministère russe des Situations d'urgence transportant une équipe de virologues et un laboratoire mobile est arrivé vendredi à Conakry. Mais une nouvelle inquiétude est alimentée par la République démocratique du Congo (RDC), dans la même province de l'Equateur (nord-ouest) où le virus Ebola a été découvert pour la première fois en 1976. Le gouvernement a annoncé jeudi la mort de 13 personnes, victimes d'une «fièvre hémorragique d'origine indéterminée» depuis le 11 août. Mais l'OMS et Médecins sans frontières (MSF) ont averti hier qu'il était encore trop tôt pour parler de fièvre hémorragique. «Beaucoup sont morts en présentant des symptômes hémorragiques, mais il y a aussi des paludismes graves qui peuvent aussi donner ce type de symptômes, ou la fièvre typhoïde», a déclaré, sous couvert de l'anonymat, un responsable de l'OMS basé à Kinshasa. Des prélèvements ont été effectués et les résultats sont attendus «dans sept jours», selon le ministre congolais de la Santé, le docteur Félix Kabange Numbi. A Genève, une porte-parole de l'OMS, Fadéla Chaïb, a rappelé que «dans la région de l'Equateur, il y a une épidémie de gastro-entérite fébrile avec hémorragie». L'OMS travaille à une «feuille de route» face à l'épidémie d'Ebola qui n'est toujours pas endiguée malgré la mobilisation internationale et la multiplication des mesures de précaution sur le continent. «C'est un document qui détaille la stratégie de l'OMS et des partenaires de santé pour les 6 à 9 mois qui viennent», a expliqué Mme Chaïb, évoquant «un plan opérationnel par pays». Le document sera disponible «probablement la semaine prochaine» et fera aussi le point des besoins financiers, a-t-elle indiqué.