Une affaire qui n'a pas tout dévoilé Le prévenu a effectué 200 passages en Tunisie entre 2008 et 2014 et aurait transféré plusieurs sommes en devises vers des banques étrangères installées en Tunisie. Sur instruction du Premier ministre, l'inspecteur général des Douanes algériennes, M.Abdelmadjid Lahrech, s'est rendu hier à Tébessa pour établir un rapport détaillé sur l'affaire du transfert de 1650.000 euros du poste d'El Mridj (Tébessa) vers la Tunisie, apprend-on de source douanière. Une affaire qui, notons-le, a été mise au jour la semaine dernière, par les Douanes tunisiennes, au poste de Kalaât Senane, dans le gouvernorat du Kef en Tunisie. S'agissant du point de passage d'El Mridj, dans la wilaya de Tébessa, le nommé Z.A., âgé de 40 ans, a été intercepté à la frontière algéro-tunisienne en possession de plus d'un million d'euros, avaient rapporté les médias tunisiens qui avaient informé leurs homologues algériens. Ainsi, et de source interne à la direction générale des Douanes algériennes, on apprend que le directeur général, M.Abdou Bouderbala, a rappelé en urgence M.H., directeur régional des Douanes à Tébessa et ex-CHD à Béjaïa, se trouvant comme par hasard en vacances en Tunisie, pour rejoindre son poste à Tébessa avec l'envoi d'une commission d'enquête conjointe entre la douane et le Gafi (cellule chargée des affaires ayant trait aux transferts et blanchiment d'argent). Au moment où nous mettons sous presse, on apprend de notre source que l'enquête engagée par le Gafi s'est soldée par la découverte de 200 passages effectués entre 2008 et 2014, depuis le même poste par l'homme d'affaires en question. Il est à signaler et, selon les explications fournies par une source activant au sein de ce point de passage frontalier que «ce poste est spécifique aux voyageurs et non d'ordre commercial, exception faite pour le passage du ciment, mettant en relief le nombre de passages du prévenu qui a effectué plusieurs sorties par le même poste au moment où les mêmes douaniers étaient en service». Une situation qui a aiguisé la curiosité des limiers en charge de l'enquête. Dans ce sillage, on apprend que sur la base d'un télégramme émanant de Abdelhamid Hamel, le Dgsn, le port de Annaba a été décapité mercredi dernier, par ses soins. Dans sa lutte contre les pratiques mafieuses, il a engagé une opération de transfert touchant le staff policier du port de Annaba, dont le commissaire et 25 autres, entre officiers, brigadiers, agents, tous relevés et mutés dans différentes sûretés de wilayas du pays, apprend-on de source interne au port de Annaba. A la base de cette action, des suspicions sur des pratiques douteuses à l'image du vol Annaba- Istanbul qui s'est caractérisé par le passage en équipe des «jokers» (hommes d'affaires), offrant des billets d'avion gratis à des familles, en contrepartie du transport de leurs marchandises dans des cabas non soumis aux contrôles douanier et policier (bradiaâ). S'agissant toujours du port de Annaba, les suspicions du passage avec des éléments policiers, d'un homme d'affaires de Aïn M'lila, en possession de plus de 2 millions d'euros en provenance de Marseille vers Annaba, ne sont pas écartées, ce qui explique les décisions du patron de la Dgsn. Pour l'actuelle affaire dite «poste d'El Mridj», qui n'a de lien avec le financement du terrorisme que de nom, puisque le prévenu transférait ses fonds pour les placer dans une banque qatarie ayant son siège à l'avenue Bourguiba, spécialisée dans les transferts douteux des fonds vers ses filiales à Dubaï, Istanbul, Barcelone, Hongkong. Notons qu'une commission de 2%, est versée à la banque qatarie et BNP Paribas sur chaque fonds transféré depuis l'Algérie vers la Tunisie et placé dans ces banques qui, pour le moment, sont la nouvelle destination des capitaux algériens. Ce qui est une saignée pour l'économie nationale. Il y a une semaine, un homme d'affaires, originaire d'El Eulma, à bord d'un véhicule 307 bleu, immatriculé à Sétif, fut intercepté par les Douanes tunisiennes. Ce qu s'est soldé par la découverte de 1650.000 euros dissimulés dans le creux de la portière avant du véhicule. Soumis à un interrogatoire, il sera remis à la cellule chargée de la lutte contre le terrorisme, un organe créé dernièrement au niveau de chaque poste frontalier tunisien. Notons que les Douanes tunisiennes n'ont informé leurs homologues algériens qu'après la médiatisation de l'affaire par les médias tunisiens.