A côté de ces nouvelles nominations, il est également prévu des départs en retraite de nombreux hauts gradés de l'armée. Des sources sûres ont indiqué à L'Expression qu'à l'occasion de la fête de l'indépendance, une dizaine d'officiers vont être promus au grade de général, avec cette particularité que tous les lauréats sont issus de la seconde génération de l'ANP. C'est-à-dire que ce sont des militaires qui n'ont pas fait la guerre de Libération nationale. C'est une première dans l'histoire de l'armée algérienne. En effet, ce genre de promotions concernait jusqu'à un passé récent des gradés de l'ANP issus de l'Armée de libération nationale, dont tout le monde connaît l'influence sur le pouvoir politique de par des particularités historiques évidentes. Pour ce cinquantième anniversaire de l'indépendance du pays, changement de génération oblige, l'armée entame une phase active de sa mue. Une mue qui se veut également qualitative, puisqu'on signale, de mêmes sources, que la totalité des futurs généraux ont fait de grandes écoles militaires occidentales et disposent de fait, du bagage nécessaire pour conduire à bon port le processus de professionnalisation de l'Armée populaire nationale. A côté de ces nouvelles nominations, il est également prévu des départs en retraite de nombreux hauts gradés de l'armée. Seulement un black-out total est observé sur cette question précisément et il nous a été impossible d'avoir l'identité des généraux qui vont quitter l'ANP. On sait seulement que l'actuel chef d'état-major n'est pas concerné par ce mouvement, en raison, dit-on, de mêmes sources, de la mission de professionnalisation de l'armée, dont il a les commandes et qu'il l'a appelé à tisser d'importants contacts avec ses collègues de l'Otan, notamment. C'est en effet une mission stratégique à laquelle s'attelle le commandement de l'ANP pour s'adapter aux nouvelles donnes imposées par les mutations que connaît l'Algérie, mais également l'ensemble des pays de la planète. Cette option stratégique a été décidée dès l'ouverture démocratique du pays et demeure vraisemblablement d'actualité, malgré les dix ans de guerre contre le terrorisme que l'armée a dû affronter sur les terrains militaire et politique. La République des généraux est finie Cette double casquette imposée à l'armée durant les années 90 a amené un bon nombre d'observateurs à faire des lectures essentiellement politiques de tout mouvement au niveau de l'état-major militaire. Les 5-Juillet successifs, depuis des années, ont été autant d'occasions pour les politiques de «connaître le sens du vent». Cependant, l'approche de cette date anniversaire ne semble pas susciter, cette fois, d'importants commentaires de la part des sphères médiatico-politiques qui ne ratent, habituellement pas cette occasion pour spéculer sur les rapports entre la présidence de la République et l'état-major de l'ANP. La dernière élection présidentielle n'est sans doute pas étrangère à l'absence de commentaire sur l'événement annoncé. Il y a lieu de souligner, à ce propos, les multiples déclarations du chef d'état-major, le général Lamari, qui a fortement souligné la non-implication de l'institution militaire dans le déroulement de l'élection présidentielle d'avril dernier. Une position par ailleurs confirmée par l'acceptation par l'armée de la suppression des bureaux spéciaux et autres mises en garde explicitement faites par le général Lamari aux officiers et hommes de troupe de se tenir éloignés des joutes électorales quoi qu'il advienne. Sa célèbre phrase concernant l'éventualité de la victoire de Djaballah à la présidentielle, en dit en fait long sur la détermination de l'institution qu'il dirige à ne pas se mêler de politique quoi qu'il lui en coûte. D'ailleurs, les nouveaux généraux qui vont renforcer l'encadrement de l'institution militaire algérienne, ont un profil de spécialistes dans de nombreux domaines, en rapport avec les missions précises et n'ont aucunement prétention à se mêler de la sphère politique, affirme-t-on de mêmes sources. Aussi, relève-t-on, les nouveaux promus sont un pur produit d'une approche républicaine d'une armée moderne. Ils ont l'intention, affirment nos sources, d'exercer leurs compétences dans un pays où la démocratie est consacrée en tant que modèle de gestion politique de la société. En d'autres termes, l'armée tient sa promesse de soutenir le processus de démocratisation véritable de l'Algérie, en s'attelant à sa mission essentielle qu'est la défense de l'intégrité territoriale et du caractère républicain de l'Etat. Cela dit, les observateurs relèvent cette constance dans la démarche de l'institution militaire qui, à travers sa détermination à ne pas céder aux appels incessants des politiques, a considérablement gagné en crédibilité auprès de l'opinion, tant nationale que mondiale. En acceptant d'être dirigé par un civil qui n'est autre que le président de la République, également ministre de la Défense et chef suprême des forces armées, l'ANP démontre une maturité pas très répandue dans les pays du tiers-monde. Ainsi, ce sont les autres institutions de la République qui gagnent en crédibilité, notamment l'institution présidentielle. Digne héritière de l'Armée de libération nationale, en raison d'abord de sa composante, notamment son encadrement, et ensuite de son esprit patriotique, l'Armée nationale populaire entre désormais de plain-pied dans la nouvelle conjoncture internationale. La nouvelle dynamique Une conjoncture qui fait de la professionnalisation et de la modernisation de ses structures, son principal objectif. Il ne s'agit pas, en parlant de rajeunissement de l'état-major de l'ANP, d'effacer d'un revers de la main des générations de sacrifices et de dévouement pour la patrie, mais d'impulser une nouvelle dynamique pour cette institution, dernier rempart dans la défense de la République et de ses idéaux démocratiques et modernistes. Depuis le début de la dernière décennie, avec, notamment l'arrêt du processus électoral, à la concorde civile, en passant par les années de sang, de cendres et de larmes, l'armée algérienne, comptant sur le sens de sacrifice de ses éléments, des appelés pour la plupart, a fait avorter les desseins diaboliques d'une secte d'assassins qui ont juré de plonger le pays dans les ténèbres. Ce sont d'ailleurs les éléments de l'institution militaire qui continuent aujourd'hui à payer un lourd tribut pour le terrorisme. Ils sont, non seulement la cible privilégiée des tueurs, mais ont à leur charge, la noble mission de protéger la patrie de toutes sortes d'attaques et de convoitises, orchestrées dans la plupart des cas par les fils mêmes de cette patrie. N'a-t-on pas accusé l'armée d'être derrière les carnages perpétrés la nuit et revendiqués le lendemain par les Haddam, Kebir et consorts. Autant d'accusations qui n'ont convaincu personne et n'ont pas fait fléchir cette armée qui n'a pas cessé de poursuivre sereinement son chemin vers un retrait définitif du champ politique. Le 5-Juillet prochain est donc un autre rendez-vous avec la modernisation de l'une des institutions les plus respectées des Algériens.