Le président de la République a procédé, le week-end dernier, à de nouvelles nominations à la tête des structures de commandement de l'Armée. Les changements apportés par le chef de l'Etat sont limités et ne semblent pas avoir pour vocation de provoquer un chamboulement dans la haute hiérarchie militaire. La démission du général de corps d'armées Mohamed Lamari de son poste de chef d'état-major de l'ANP justifie, pour une large part, la rotation décidée par Abdelaziz Bouteflika à certaines fonctions-clés. Cela est intervenu quelques jours après l'annonce officielle du départ du général Lamari pour « raison de santé ». La nomination d'un nouveau commandant des forces terrestres (CFT) était, en ce sens, prévisible après la confirmation du général-major Ahmed Gaïd Salah au poste de chef d'état-major de l'ANP. Bien qu'attendus, ces changements sont néanmoins mis à profit par le président de la République pour engager une intégration progressive des jeunes officiers généraux dans la chaîne de commandement de l'ANP. Pour assurer la relève au Commandement des forces terrestres (CFT), le choix du chef de l'Etat s'est porté sur le général-major Ahcène Tafer. Dans la sphère militaire, l'arrivée du général-major Ahcène Tafer à la tête du CFT ne constitue pas une surprise eu égard à ses états de service. Ayant déjà prouvé ses aptitudes au commandement à la tête de la 3e Région militaire (Béchar), cet officier, bardé de diplômes, figure parmi les jeunes généraux-majors sur lesquels compte Bouteflika pour professionnaliser l'ANP. La confirmation d'Ahmed Sanhadji, un autre jeune général-major, au poste de secrétaire général du ministère de la Défense nationale (MDN) permet de croire que le chef de l'Etat veut donner l'opportunité à la nouvelle génération d'officiers d'accéder aux hautes responsabilités. En se voyant confier le secrétariat général du MDN, le général-major Ahmed Sanhadji occupe la fonction la plus importante après celle du chef d'état-major et celle du ministre de la Défense. Celle-ci, rappelle-t-on, est détenue par le président de la République, également chef suprême des forces armées. Avant d'être désigné pour prendre en charge l'administration du MDN, le général-major Ahmed Sanhadji occupait le poste d'attaché militaire à Paris. Le changement a touché aussi certains commandements de régions. La 1re Région militaire (1re RM, Blida) change de main au profit du général Habib Chentouf. Peu connu du public, celui-ci a été nommé en remplacement du général-major Fodil Chérif. Le communiqué de la présidence de la République, annonçant ces nominations, ne précise pas la destination de ce haut officier, habitué des sorties médiatiques. De l'avis des observateurs, pour lesquels la démission du général Mohamed Lamari est à lier à un différend avec le président de la République, le remplacement de ce général-major était déjà dans l'air. Pour appuyer cette hypothèse, ces mêmes observateurs soulignent que Fodil Chérif faisait partie, en compagnie de Mohamed Lamari, d'un groupe restreint d'officiers ayant manifesté son désaccord concernant la politique sécuritaire du président Bouteflika. A l'inverse de ceux qui soutiennent la thèse du « conflit », d'autres sources attestent que le commandant de la 1re RM aurait fait valoir ses droits à la retraite. L'on rappelle, à ce propos, que le général Fodil Chérif et ses unités étaient, durant la dernière décennie, le fer de lance de la lutte contre le terrorisme au centre du pays. Les nominations annoncées par la présidence de la République portent, en outre, sur l'installation d'un nouveau commandant à la tête de la 3e RM (Béchar). Il s'agit du général-major Saïd Chanegriha. Celui-ci sera secondé par le général Cherif Zerrad. Le chef de l'Etat a ordonné, de plus, une permutation de poste entre le commandant de la 2e RM (Oran), le général-major Kamel Abderahmane, et le commandant de la 5e RM (Constantine), le général-major Saïd Bey. Opérés à petites doses, les remaniements apportés, jeudi dernier, à la tête de la hiérarchie militaire paraissent répondre à la même logique ayant guidé la promotion, le 5 juillet dernier, de quatre généraux au grade de général-major et de dix colonels au grade de général. Ils viseraient globalement à « acclimater » l'ANP à ses nouvelles missions. Le succès des nouvelles missions de l'ANP passe, a soutenu M. Bouteflika dans son discours prononcé lors de la célébration de la fête de l'Indépendance, par un apport nouveau de cadres pour permettre « l'adaptation des moyens matériels, le développement de formations spécifiques et la mise au point de nouveaux modes d'opération ». Pour la circonstance, il a appelé l'ANP à participer à la « stabilisation institutionnelle » en se consacrant « entièrement à l'exercice de ses missions sous l'autorité et la responsabilité du président de la République, chef suprême des armées, responsable de la Défense nationale ».