L'aviation américaine a multiplié les raids sur des objectifs de l'EI, ces derniers jours Washington, qui a mené depuis le 8 août plus de 90 frappes contre les djihadistes, a exprimé samedi sa détermination à poursuivre ses raids et menacé d'étendre son intervention à la Syrie voisine où l'EI est également actif. Les djihadistes de l'Etat islamique (EI) ont lancé un nouvel assaut pour s'emparer de la principale raffinerie d'Irak, alors que la mobilisation internationale s'intensifie pour contrer l'avancée de ce groupe violent et ultra-radical. Suite à l'exécution sommaire d'un journaliste américain, les Etats-Unis ont durci leur rhétorique envers les jihadistes, condamnant une «attaque terroriste» et annonçant une réponse puissante. Signe de la préoccupation grandissante également dans certaines capitales arabe, les ministres des Affaires étrangères égyptien, saoudien, émirati et qatari, ainsi que le conseiller du chef de la diplomatie jordanienne se sont réunis hier à Jeddah, en Arabie saoudite, pour évoquer la progression de l'EI. Et le chef de la diplomatie iranienne, Mohammed Javad Zarif, a entamé hier une visite de deux jours en Irak, son voisin et allié contre l'EI. L'Iran a indiqué cette semaine avoir fourni des conseils au gouvernement et aux Kurdes irakiens - qui combattent les djihadistes dans le nord du pays - contre l'EI, tout en assurant ne pas avoir de présence militaire en Irak. Mais la mort fin juillet d'un pilote iranien dans des combats en Irak et la présence d'avions de combats venus probablement d'Iran, selon des experts, semblent indiquer une implication plus directe de la République islamique. Téhéran a également commencé des discussions avec certains pays européens sur la lutte contre l'EI mais a écarté une coopération militaire avec les Etats-Unis, ennemi historique de la République islamique. Alors que les forces kurdes et irakiennes tentent avec difficulté de contrer les djihadistes et de les déloger des régions conquises depuis le début de leur offensive le 9 juin, l'EI a lancé samedi soir un nouvel assaut pour s'emparer de la principale raffinerie d'Irak, à Baïji (200 km au nord de Baghdad). Les combats se poursuivaient hier. Par ailleurs, le bilan d'une vague d'attentats ayant ensanglanté le pays samedi est monté à 37 morts et plus de 150 blessés, tandis qu'à Baghdad, le pouvoir tentait toujours d'apaiser les fortes tensions confessionnelles attisées par une attaque meurtrière contre une mosquée sunnite vendredi dans la région de Diyala (nord-est de Baghdad). L'attaque a fait 70 morts et entraîné des heurts entre sunnites et chiites. Le Premier ministre désigné Haïdar al-Abadi a aussitôt tenté d'apaiser les tensions confessionnelles, appelant ses concitoyens «à resserrer les rangs pour empêcher les ennemis de l'Irak de provoquer des troubles». Cette attaque risque d'accroître la colère de la minorité sunnite envers le pouvoir chiite qui a besoin de sa coopération dans son combat contre l'EI. Elle pourrait aussi compliquer davantage les tractations en vue de former un gouvernement appelé à répondre aux doléances de toutes les minorités, notamment celle des sunnites dont certains ont toléré l'EI après leur exclusion par l'ex-Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, accusé d'avoir semé le chaos en marginalisant les sunnites. En 2006 et 2007, des affrontements entre chiites et sunnites avaient fait des dizaines de milliers de morts. Les frappes aériennes américaines ont freiné ces dernières semaines la progression des djihadistes et ne devraient pas faiblir après le choc causé par l'exécution du journaliste américain James Foley et malgré la menace de l'EI de tuer un second otage américain, le journaliste Steven Sotloff si les raids se poursuivaient. Bien au contraire, Washington a durci le ton et s'est déclaré prêt à «agir» en Syrie contre l'EI, a rapporté samedi le Wall Street Journal.