Du 7 au 13 septembre, la Cinémathèque de Béjaïa connaîtra à nouveau son remue-ménage dédié au 7e art en présence d'une flopée d'invités d'ici et de là-bas. Abdenour Houchiche, président de Projec'heurts et Lilia Aoudj, membre de ladite association ont animé mardi dernier un point de presse afin de dévoiler le programme des 12es Rencontres cinématographiques de Béjaïa et répondre à toutes les questions. «Cette année fut particulière», fera remarquer Abdenour, en raison du remue-ménage, pour rappel, qu'a connu l'association, le branle-bras de combat suscité par ce grand élan de solidarité après que l'association ait dénoncé l'absence d'aide et de subvention du ministère de la Culture et surtout après que le siège de l'association ait brûlé dans les incidents du mois de juin dernier qui ont emporté une partie de la Maison de la culture de Béjaïa. Mais Project'heurts sait rebondir et retomber sur ses pattes. En témoignent d'ailleurs sa bande-annonce et son affiche, coups de poing et bien osés. «On a été soutenu par des centaines de personnes, voire des milliers, on a aussi voulu répercuter cela dans les outils de promotion de notre manifestation. D'où une affiche qui se situe à mi-chemin entre la finesse et le combat et une bande-annonce offerte par le site Web UBU Mag et que nous avons validée en raison de la poésie de l'image qui se dégage et les références cinématographiques qui font son originalité sans pour autant prendre le spectateur par la main et lui dire tout, car nous faisons confiance à l'intelligence de ce dernier. D'ailleurs, on ne cherche jamais à plaire, mais à satisfaire un tant soi peu quelques personnes toujours de façon subjective de notre part...», dira Abdenour. Evoquant la philosophie des rencontres qui n'ont pas la prétention de se transformer en aucun cas un jour en festival, le président de l'association dira qu'elle ne relève aucunement d'une géographie spatiale, mais elle est cinématographique avant tout, ancrée sur la qualité des films, sans pour autant porter un regard particulier sur le film algérien, mais sur le cinéma de façon générale. «On a tendance à dire que cinéma qui nous intéresse est celui qui doute. On n'est pas des fervents admirateurs du cinéma qui dit tout. Nous avons envie de questionner le cinéma dans la forme et dans le fond. Aussi, on ne cherche pas non plus à faire l'équilibre entre le cinéma algérien et le cinéma d'ailleurs. La valeur du film proposé vient de sa qualité. Nous ne sommes ni de fervents défenseurs du cinéma algérien ni ses détracteurs. Même si on voudrait bien qu'il y ait des films algériens, car il est évident que nous militons pour plus de salles et de films en Algérie, car on est les premiers à en pâtir. On ne veut pas être la seule plate-forme de cinéma en Algérie d'ailleurs. On ne peut pas inviter tous les professionnels du cinéma, ce serait impossible...» cette année, dira Abdenour, sur les 140 films vus, 36 ont été retenus entre documentaires (un nombre plus élevé cette année), courts métrages et longs métrages. La programmation ne déroge pas à la règle, trois tranches d'horaires chaque jour sont au menu, à savoir 14h, 17h et 20h. Les projections à la Cinémathèque sont suivies de débat avec les réalisateurs et le lendemain place au café -débat au niveau du théâtre de Béjaïa. Pour plus de transparence, Abdenour Houchiche dévoilera le coût des subventions qui ont contribué à faire que cette manifestation voie le jour. Il citera, notamment l'APC de Béjaïa dont le montant de l'aide est de l'ordre de 5 millions de DA, le ministère de la Culture avec 3,8 millions de DA et enfin l'ambassade de France avec un million de DA. Notons que cette année une nouveauté se fera remarquer aux rencontres, à savoir l'élargissement de l'atelier côté cour au Maghreb, avec le choix de scénario en provenance de l'Algérie, mais aussi de Tunisie et du Maroc. Rappelons l'importance des lycéens dans l'activité des rencontres, ces derniers seront amenés à coordonner deux débats cette année, en plus de leur travail continu durant l'année dans le cadre du ciné-club. Un travail qui se fait pendant toute l'année et dont Lilia Aoudj dévoilera un peu les grandes lignes. Aussi, a-t-elle fait savoir, d'abord la volonté de l'association de faire de l'éducation à l'image à l'adresse des jeunes d'où un atelier où se sont inscrits 11 jeunes collégiens qui ont réalisé un film au mois d'avril dernier et qui sera projeté en première partie à l'ouverture des rencontres, le 7 septembre prochain, avant EL Wahrani le nouveau long métrage tant attendu de Lyes Salem. Ce sont aussi les lycéens qui ont organisé la nuit du court métrage durant le moins de Ramadhan dernier et continuent à être très actifs au sein de l'association Project' heurts. «Nous continuerons à travailler avec eux, tout en étant en contact avec d'autres communes pour ne pas rester uniquement sur Béjaïa» a estimé Lilia. Permettre aux cinéphiles et autres curieux de voir des films qu'on ne pourrait pas voir ailleurs, fait partie des prérogatives de l'association qui a concocté cette année un programme très attractif, voire de très bonne facture, mettant en avant une cinématographie très éclectique, loin des carcans du cinéma commercial, mais des films qui interrogent le réel, qui font rêver et poussent à la réflexion et à l'évasion, au doute, à l'introspection, qui ne laissent pas indifférents... N'est-ce pas le propre du cinéma? Parmi ces films, on citera le documentaire de Hind Mddeb, Electro chaâbi, C'est dans la boîte de Djamil Beloucif, A peine ombre de Nazim Djemai, Je ne suis pas mort de Mehdi Ben Atia, Madame La France de Samia Chala, Jours d'avant de Karim Moussaui et Loubia Hamra de Narimane Mari pour ne citer que ceux-là. Une table ronde autour du critique de cinéma Serge Daney et l'Afrique figure aussi au programme, sans oublier une autre sur la vision des cinéastes sur le cinéma contemporain algérien. «On voudrait mettre en place un forum de la production en 2015, qui serait bénéfique pour les réalisateurs qui souhaiteraient bénéficier d'aide...» avouera Abdenour Houchiche.