L'expérience des rencontres initiées par Project'Heurts, Kaina Cinéma et la Cinémathèque algérienne est une preuve que la pérennité du septième art en Algérie est avant tout une question de volonté. Les projecteurs se sont éteints, les festivaliers se sont dispersés et le calme est de retour sur la place Gueydon, qui a accueilli une semaine durant les invités des 3es rencontres cinématographiques de Béjaïa. Une semaine durant laquelle le cinéma a été à l'honneur, grâce à la bonne volonté d'une équipe de jeunes de Béjaïa de l'association Project'Heurts et d'autres de Paris (Kaina Cinéma). À peine ces 3es rencontres finies, que les organisateurs commencent déjà à réfléchir à la prochaine édition. “Même si l'organisation de cette édition n'a pas été facile, les précédentes non plus, nous nous devons de penser à l'avenir des rencontres”, confie Abdenour Houchiche. Le jeune est à la tête de l'association Project'Heurts, une équipe dynamique de jeunes qui œuvre pour faire de la lumière dans la salle obscure qu'est la cinémathèque. Organisées grâce au soutien du Centre national de la cinématographie (France), l'ambassade de France (service de la coopération et de l'action culturelle)et TV5, les rencontres illustrent, on ne peut mieux, l'importance qu'accordent nos institutions au cinéma et à ce genre de manifestation. Loin de se sentir concernées par le cinéma, les autorités locales, tout comme le ministère de la Culture et le Centre national de cinéma algérien (Cnca), brilleront par leur absence de l'affiche des rencontres, même si ces dernières sont, avec le Festival du film amazigh, les derniers rendez-vous cinématographiques en Algérie. Le cinéma dérange, tout porte à le croire. La Cinémathèque de Béjaïa, plus de 400 places, est dans un état déplorable. Malgré les efforts consentis par l'APC, quelques timides travaux de restauration sur la façade et quelques coups de pinceaux, la salle se trouve dans un piteux état, les sièges à peine praticables et les conditions de projection ne sont pas meilleures. N'étant pas une propriété de la municipalité, tous travaux de réfection dépendent de l'initiative de la direction centrale à Alger, chose qui contribue à la dégradation graduelle de la salle. “Pour préparer cette 3e édition, nous avons été obligés de faire le pied de grue devant l'APC pour décrocher les quelques travaux de plomberie et de peinture que vous voyez”, lance Abdenour Houchiche. Réanimer le réseau des cinéclubs et recréer l'animation cinématographique en offrant aux jeunes des formations dans l'écriture de scénario ; une formation qui sera reprise dès le mois de septembre à Alger et dans l'animation des cinéclubs, un atelier de réalisation, des ateliers qui ont regroupé une trentaines de jeunes stagiaires en provenance de différentes régions du pays, notamment Constantine, Mostaganem, Timimoun, Akbou, Alger, Béjaïa… “Les vœux émis à l'occasion de la première édition de 2003 se concrétisent progressivement grâce aux liens de coopération établis avec des associations et organisations professionnelles françaises. Des stages de formation permettent aux stagiaires d'approfondir les notions acquises à l'occasion des Rencontres cinématographiques”, écrivent les organisateurs dans leur communiqué bilan. Deux engagements au terme de cette troisième édition, à savoir la création d'un centre de ressources audiovisuelles destinées à faciliter l'accès des différents cinéclubs à des copies de film et des livres sur le cinéma et le développement d'un espace Web destiné à collecter, traiter et diffuser le maximum d'informations, accessible à l'ensemble des utilisateurs potentiels (professionnels, amateurs, étudiants, journalistes, particuliers…). Rendez-vous l'année prochaine. W. L.