Le Français Christian Gourcuff débute aujourd'hui à la tête de l'équipe d'Algérie avec le défi de la qualifier pour la CAN 2015 et de s'imposer à la place du Bosnien Vahid Halilhodzic, idole qui a conduit la sélection à d'historiques 8es de finale au dernier Mondial. Les Verts se déplacent à Addis Abeba pour y affronter l'Ethiopie, leur premier match des éliminatoires de la CAN 2015 au Maroc. L'ancien entraîneur emblématique de Lorient (1982-1986, 1991-2001, 2003-2014) doit décrocher un résultat positif pour recevoir mercredi prochain, face au Mali, un accueil favorable de la part du public du stade de Blida, encore hanté par la silhouette de son prédécesseur. «Coach Vahid» avait été pressé de toutes parts de rester sélectionneur, y compris par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, après l'épopée des Fennecs au Brésil où ils avaient atteint, pour la première fois de leur histoire, les 8es de finale, éliminés en prolongation seulement par l'Allemagne (2-1 a.p.), future championne du monde. Cette performance avait même surclassé le mythe de Gijon, lorsque l'Algérie avait battu la RFA 2-1 au Mondial 1982. Mais Wahid (l'Unique, comme les Algériens l'appellent), avait tout de même décidé de ne pas renouveler son contrat et de poursuivre sa carrière en reprenant l'équipe turque de Trabzonspor. Christian Gourcuff (59 ans), même s'il lui arrive de piquer des colères, apparaît comme l'anti-Halilhodzic dans l'attitude, plus mesurée, plus feutrée que celle du bouillant bosnien aux propos souvent explosifs. Le Français arrive aussi avec une image de fin tacticien qui a su maintenir Lorient en Ligue 1 depuis 2006, malgré des moyens très modestes. Le nouveau sélectionneur, qui a signé avec la Fédération algérienne (FAF) «un contrat d'objectifs» pour la CAN 2015, la CAN 2017 et le Mondial 2018, s'inscrit dans la continuité puisqu'il souhaite «entretenir la dynamique» enclenchée au Brésil. Il a ainsi reconduit l'essentiel du groupe mondialiste. Parmi les ajustements, il a écarté les milieux Yebda et Mostefa (qui vient de signer à... Lorient), mais a rappelé des joueurs absents au Brésil: les milieux Boudebouz (Bastia) et Guedioura (Crystal Palace) et les éléments offensifs Kadir (Betis Séville) et Belfodil (Parme). En convoquant le défenseur de Lyon Zeffane (22 ans), qui vient juste de passer professionnel, il a par ailleurs manifesté son souci d'injecter du sang neuf chez les Fennecs. Mais il sera privé d'un autre jeune défenseur, Ghoulam (Naples), victime d'une fracture de l'avant-bras gauche. «Il faut bien entamer les éliminatoires de la CAN 2015. Nous allons jouer deux matchs importants, mais pas décisifs pour la qualification», a prévenu mardi dernier Christian Gourcuff. «La victoire est très importante sur les plans comptable et psychologique, a-t-il ajouté. La qualification se jouera en six matchs et nous allons faire le maximum pour avoir le plus tôt possible les 12 points, synonymes de qualification», dans un groupe B qui compte également le Malawi. Pour le successeur de Halilhodzic, en Ethiopie, «il ne faut surtout pas subir face à un adversaire qui jouera à domicile dans des conditions difficiles avec notamment le problème de l'altitude. Il faut rester vigilants et avoir la capacité de conserver le ballon». En plus de faire oublier «coach Vahid», le technicien breton doit aussi tenter de conjurer la «honte» qui a submergé le football algérien après la mort du meilleur buteur du championnat national, l'attaquant camerounais, Albert Ebossé, tué d'un projectile à la fin d'un match, le 23 août. Le nouveau patron des Verts a reçu le soutien du président de la FAF, Mohamed Raouraoua qui s'est «engagé à mobiliser tous les moyens humains, financiers et matériels afin de permettre à l'Equipe nationale d'atteindre ses objectifs», lors de la première réunion ayant regroupé, lundi dernier, Christian Gourcuff et les joueurs.