La décision de l'Alliance de l'Algérie verte incommode le FLN, parti majoritaire, qui domine toutes les structures de l'APN. Après deux ans de boycott, les députés de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) veut occuper ses places au sein des instances de l'APN. Un revirement inattendu, mais que la coalition islamiste justifie par la volonté de «récupérer un espace qui lui revient de droit». Youcef Khababa, chef du groupe parlementaire de l'AAV, indique que la décision d'intégrer les commissions de la chambre basse du Parlement répond à la nécessité «de mieux défendre les propositions de loi et initiatives lancées par le groupe parlementaire de l'alliance». «Vu les dépassements enregistrés au niveau du bureau de l'assemblée concernant les propositions de lois et les demandes de constitution de commissions d'enquêtes que nous avons introduites et qui sont toutes rejetées, nous avons décidé de figurer dans toutes les instances pour savoir ce qui s'y passe avec précision», a-t-il expliqué, hier au téléphone. Notre interlocuteur a précisé que la décision a été prise par les présidents des trois partis constituant cette alliance, à savoir le MSP, Ennahda et le Mouvement El Islah, suite à une demande émanant des parlementaires de ces partis. Depuis le début de la législature actuelle, en mai 2012, les députés de l'AAV ont brillé par leur absence aux instances de l'Assemblée. Cette décision a été prise au début pour protester contre la fraude électorale lors des élections législatives du 10 mai 2012 qui a privé les islamistes de la majorité parlementaire, selon leurs explications. Elle a été renouvelée en 2013, selon Youcef Khababa, pour dénoncer l'implication du gouvernement dans la campagne électorale en faveur du 4e mandat de Bouteflika. «Aujourd'hui, il reste juste trois ans pour la fin de l'actuel mandat. On veut utiliser tous les moyens pour défendre nos propositions de loi et surtout savoir ce qui se passe dans ces commissions comme dépassements et irrégularités», a encore expliqué M. Khababa. La décision de l'Alliance de l'Algérie verte incommode le FLN, parti majoritaire, qui domine toutes les structures de l'APN, y compris en s'accaparant les postes de l'AAV. Nous avons tenté de joindre le chef du groupe parlementaire du parti, Tahar Khaoua, pour avoir sa réaction, mais en vain. Cependant, dans une déclaration à un organe de presse électronique, M. Khaoua a fait savoir que le FLN refusera de céder les postes en question, dont celui de vice-président de l'Assemblée. La réaction du FLN a surpris les députés de l'AAV. «Cela prouve leur (les dirigeants du FLN), soif aux postes de responsabilité quitte à occuper les postes qui reviennent de droit à l'opposition», accuse Youcef Khababa, ajoutant que l'avis du FLN ne l'intéresse pas tant que la loi est claire... Pour lui, faire partie des instances de l'APN est un droit donné par les citoyens lors des élections, avant d'être attribué par la loi. «Personne n'a le droit de nous priver de ces postes», a-t-il assuré. Si l'AAV a décidé de revoir sa position, ce n'est pas le cas du FFS qui a décidé de boycotter les instances de l'Assemblée. Le plus vieux parti de l'opposition a fait connaître sa position lors d'une réunion regroupant le bureau de l'APN et les chefs de groupes parlementaires, tenue le jour même de l'ouverture de la session d'automne du Parlement, le 2 septembre en cours. «Le FFS a réitéré son refus de siéger au sein du bureau de l'APN et d'assurer la présidence de commissions pour exprimer sa contestation quant au fonctionnement de l'institution et pour rester cohérent avec sa participation tactique aux élections législatives de 2012», a expliqué le parti dans un communiqué. «Le FFS veut aussi, par cette décision, mettre au jour le refus du bureau de l'APN d'un fonctionnement démocratique», ajoute le communiqué. Le fonctionnement de l'APN a poussé, rappelons-le, le député du FFS Mostefa Bouchachi à la démission. Il a été remplacé par Mohamed Nebbou, actuel premier secrétaire du parti.