«Avant d'être diplomate, je suis un militant de la liberté et de la cause palestinienne» Reçu dans son bureau au siège de l'ambassade de la Palestine à Alger, le Dr Louaï Aissa, n'a pas manqué de souligner en aparté qu'«avant d'être diplomate, je suis un militant de la liberté et de la cause palestinienne», affirma-t-il avec modestie, tout en tenant à saluer et reconnaître le soutien du peuple et de l'Etat algérien concernant les aides et engagement aux côtés de la Palestine. L'Expression: Cinquante jours d'agression d'Israël contre Ghaza. Qu'en est-il des résultats? Louaï Aissa: Je vous remercie pour l'initiative. Je tiens à vous préciser que l'agression a duré 51 jours au lieu de 50. L'agression n'a pas été contre Ghaza, mais c'est contre l'Etat de la Palestine. Ghaza est une partie de la Palestine et non pas toute la Palestine. La résistance des Palestiniens a été et restera pour l'instauration et l'indépendance de l'Etat de Palestine. Lorsqu'on parle de l'agression d'Israël contre Ghaza, on doit toujours rappeler ce feuilleton qui continue et s'exprime sous différentes formes depuis des décennies. Le colon nous agresse afin de consolider sa présence et empêcher la restauration de la Palestine. Le but de son agression, c'était pour essayer de fuir une enquête pratique, politique qui a été enclenchée sous l'égide des Etat-Unis d'Amérique (USA) où il a été demandé à Israël de fournir des éléments précis. L'enquête porte sur la vision d'Israël, relative à l'édification de l'Etat palestinien. L'arrêt de la colonisation, la libération des prisonniers restent du point de vue palestinien fondamentaux. Donc, pour fuir ses obligations politiques internationales, il était évident pour Israël d'accuser la Palestine de terrorisme afin de justifier ses agressions, et de faire oublier l'enquête qui a été diligentée à son encontre et par la même occasion bloquer l'avancée de la cause palestinienne,. ceci d'une part. D' autre part, c'était un moyen de faire avorter le gouvernement d'union nationale bien avant sa maturation afin de l'empêcher de continuer sa mission. Le but d'Israël, c'est de travailler et négocier avec les Palestiniens en rangs dispersés et maintenir les divisions entre Palestiniens. Et le bilan des 51 jours de sacrifices? Malgré toutes les pertes, les résultats politiques et militaires sont surprenants. L'ennemi a choisi la politique de la terre brulée, les génocides, la destruction massive. Rien n'a été épargné. Ni les écoles, ni les hôpitaux, ni les mosquées, ni les églises, ni les habitations et autres infrastructures économiques, culturelles ou sociales. Je peux dire encore qu'il y a eu plus de 60 familles qui ont été exterminées et effacées des registres de l'état civil. Plus de 2200 martyrs dont plus que la moitié, est constituée de civils, enfants, femmes et personnes âgées. Près de 12.000 blessés, plus de 3000 handicapés à vie. Il y a entre 25 et 30% d'enfants qui souffrent de troubles affectifs. Nous avons au moins le tiers du peuple de Ghaza qui est désormais sans abri. Toutes ces pertes reflètent l'échec de l'ennemi qui a eu recours à la tuerie, rien que pour casser notre administration, notre volonté et notre détermination pour lutter en vue de notre indépendance. Qu'en est-il des motivations qui ont poussé Ghaza et Israël au cessez-le-feu, après tous ces massacres? Je vous prie de ne pas parler de Ghaza et Israël. Car l'ennemi pousse justement le processus des négociations à imposer Ghaza comme capitale de la Palestine. Il faut qu'on soit clair, parce qu'on se trempe beaucoup quand on parle de Ghaza ou du peuple ghazaoui. Il n'y a pas de peuple ghazaoui, mais le peuple palestinien à Ghaza. J'espère que cela est clair dans l'esprit de l'opinion publique afin de ne pas se retrouver dans le jeu de l'ennemi. Nous sommes des militants qui luttons pour la liberté et l'instauration de l'Etat de la Palestine. C'est pour cela que nous croyons qu'une seule goutte de sang qui tombe en dehors du contexte de libération est un crime et je dirai aussi que pour toute cause noble et juste, on doit payer le prix. Nous regardons ces questions à travers ces angles, tout en considérant que notre combat contre le colonialisme est un combat qui ne s'arrêtera pas avant l'indépendance et l'instauration d'El Qods capitale de la Palestine. On ne veut pas aggraver les pertes pour le peuple palestinien, parce que l'ennemi maîtrise bien le génocide contre des civils. Il n'y a pas d'équilibre entre les deux parties opposées. Ce n'est pas une bataille entre deux camps, mais une agression contre la Palestine, car nous ne sommes pas une force militaire comme eux, mais nous sommes que des militants qui luttons pour la liberté et l'instauration de l'Etat de la Palestine. On ne veut pas entrer dans le jeu de l'ennemi qui cherche à nous entraîner dans son stade préféré. Car, Israël maîtrise bien le phénomène des représailles qui lui donne l'avantage, d'un côté, et de l'autre, l'affaiblissement du peuple palestinien. Partant de ce constat, il était suffisant pour nous de signaler, dès le début de cette agression, comme étant contre nos revendications générales, à commencer par la réouverture des passages, le lever du blocus de Ghaza. Le colon voulait continuer l'agression, afin de casser la volonté du peuple et nous pousser à la soumission. Ce discours était bien connu dès le début de l'agression. Mais, face à la longue résistance du peuple palestinien, Israël s'est sentie face à de nouvelles situations, à commencer par les pertes qu'il a enregistrées dans ses rangs, tout en considérant que nos missiles ne sont pas aussi destructifs que les leurs contre des populations civiles. Néanmoins, après tout, Israël n'a pas atteint ses objectifs, parce que l'Etat hébreu n'est pas habitué aux longues guerres. Cet ennemi prend ce qu'il veut de manière très rapide, mais ça n'a pas été le cas cette fois-ci. Et pour répondre à votre question de manière précise, il faut dire que nous avons voulu arrêter le feu afin de limiter les dégâts et de leur coté, ils ont compris, qu'il ne peut y avoir de solution militaire dès lors que le monde entier a découvert le vrai visage d'Israël. Qu'en est-il des soutiens et positions des Etats du Monde arabe par rapport à cette agression? La position des Etats du Monde arabe est toujours en faveur de la cause palestinienne.Certains Etats tels que le Yémen, la Libye l'Egypte, subissent des pressions étrangères et ne peuvent pas réagir en position de force. D'autre part, les masses populaires qui sont sorties un peu partout y compris dans les pays occidentaux, ont montré une évolution en faveur de la cause palestinienne. Cela prouve tout le soutien et l'aide des peuples en faveur de la liberté et l'instauration de l'Etat palestinien. La justesse de la cause palestinienne a changé la donne de ceux qui veulent faire passer la lutte du peuple palestinien sous l'angle du terrorisme. Or, cette agression a démontré le contraire, il y a eu une prise de conscience des peuples dans tous les pays. Sur le plan des partis politiques, nous pouvons dire que dans l'ensemble, il y a eu des actions favorables, mis a part certaines parties qui ont réagi dans un esprit idéologique et partisan. En tant que Palestiniens, on ne s'ingère pas dans les affaires internes des pays. Mais, quand on aborde la question palestinienne, il faut aller dans une action unie et commune pour faire avancer la lutte et l'instauration de l'Etat palestinien Où en est-on avec le dossier des poursuites contre Israël devant la Cour pénale internationale (CPI)? ... Il marque un temps de réflexion. Effectivement, nous sommes orientés vers le cadre de la scène internationale. La discussion sur ce sujet a commencé depuis très longtemps. Mais ces derniers temps, nous avons pu décrocher la reconnaissance de 138 pays à l'Assemblée générale des Nations unis (ONU). Nous sommes devenus un Etat observateur aux Nations unies. Cela a permis à la Palestine de revenir sur la scène des négociations à l'échelle mondiale. Nous faisons partie de 15 organisations mondiales y compris les Conventions de Genève. Je crois aussi qu'à partir de cela, nous allons aborder d'autres phases de rencontres qui viendraient prochainement. Cela a ouvert les portes à d'autres organisations mondiales de soutenir la cause de notre peuple. Concernant notre recours à la Cour pénale internationale (CPI), il faut dire qu'il y avait une difficulté qui nous a retardés dans la démarche. Cette difficulté se résume en l'absence de consensus de certaines parties palestiniennes qui ne voulaient pas s'adresser à cette instance internationale (CPI) afin d'éviter des répercussions négatives à cause de la position d'Israël qui peut exploiter ses relais et les faire retourner contre nous. Leurs équipes sont sur place et sont prêtes à défendre leurs positions par tous les moyens, en allant jusqu'à porter des accusations à notre encontre. Mais, les craintes des parties ont été surmontées. Nous sommes arrivés à nous entendre sur un consensus national. Nous avons rassemblé tous les documents et justifications pour présenter en bonne et due forme toutes les documentations nécessaires pour ce faire. Je crois que nous sommes sur le point de signer le document avant de nous adresser le plus tôt possible à la CPI. Mais je dirais aussi que nous sommes dans une phase de préparation d'autres mécanismes de lutte, afin de faire face à Israël pour l'avenir et ne pas revenir pour des négociations vaines. Ce mois de septembre donnera lieu à de nombreuses orientations politiques à commencer par la rencontre avec les ministres des pays arabes, le ministre des Affaires étrangères des USA, John Kerry, il y aura aussi des correspondances à adresser aux membres de l'Assemblée générale des Nations unies, ainsi que le Conseil de sécurité en plus du congrès qui sera organisé au Caire (Egypte). Il faut souligner que nous allons faire face à des situations très difficiles pour faire face à Israël.