Cette absence, quelles qu'en soient les raisons, ne pouvait qu'arranger le président du parti. Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), M.Bouguerra Soltani, a brillé hier par son absence, lors de la conférence des cadres féminins du parti, tenue au niveau du siège. Selon la secrétaire de wilaya chargée de la famille, Mme Hassiba Touahri, «le président est en déplacement à l'étranger». Et pourtant la veille, sa présence a été confirmée par des cadres du parti. Chose qui a amené les présents à s'interroger sur les motifs de l'absence de Bouguerra Soltani. Certaines sources proches du parti n'hésitent pas à faire le lien entre ce forfait et l'incident survenu depuis 15 jours entre le président du parti et M.Lakhdar Rabhi, président du bureau exécutif de la wilaya d'Alger qui a pris part à cette rencontre. Le premier avait, notons-le, fait signe à Bouguerra d'abréger son intervention lors du colloque international sur Mahfoud Nahnah. Ce qui n'a pas été apprécié par ce dernier qui décide de quitter la salle, en signalant que «c'est le président qui donne les ordres et non le contraire». L'absence de Bouguerra Soltani intervient aussi au lendemain du renouvellement qui a touché les structures du parti à l'Assemblée populaire nationale (APN). La direction du parti a procédé par mode de désignation. Une démarche chapeautée par la direction du parti en coordination directe avec les députés. Cela a, semble-t-il, déplu à l'actuel président. Tout compte fait, cette absence, quelles qu'en soient les raisons, ne pouvait qu'arranger M.Bouguerra Soltani, et lui éviter d'aborder l'épineuse question de la révision du code de la famille, qui a constitué le point saillant de cette rencontre. Le MSP adopte dans ce sens un discours des plus ambigus. Hier une divergence a été constatée entre le discours officiel du parti exprimé par M.Bouguerra Soltani et le point de vue de la base. M.Lakhdar Rabhi s'est permis, le temps de son intervention, de dissocier le parti de «l'alliance stratégique» pour expliquer le fond de sa pensée. «Il est paradoxal de constater qu'en Algérie tous les problèmes de la famille sont liés à l'actuel code de la famille», précise-t-il. Pour l'orateur, les lacunes sont à chercher plutôt dans «les différentes politiques prônées par le pouvoir, en Algérie, depuis l'indépendance». Rabhi a renoué avec les discours critiques, abandonnés quelque temps, dans le cadre de la nouvelle stratégie du parti au sein de l'alliance. Pour le MSP, la révision de l'actuel texte «doit intervenir dans le cadre du respect de nos valeurs religieuses». C'est aussi l'avis de la secrétaire nationale chargée de la famille, Mme. Belhadjar Aïcha. Cette dernière a affirmé que le «parti est ouvert au dialogue». «Ce jour-là, les cercles qui combattent l'Islam et le MSP, au nom des droits de la femme, sauront que nous sommes plus jaloux de ses droits que n'importe qui dans ce pays», dira-t-elle. Fatiha Touahri a replacé le dialogue dans son contexte politique, estimant que le parti coordonnera ses positions avec ses partenaires de l'alliance stratégique. La question est de savoir qui va convaincre qui? M.Bouguerra Soltani a donné le ton en précisant, dans un récent entretien accordé à L'Expression: «La vision semble très cohérente, même sur les dossiers qui constituaient, dans un passé récent, une source de divergences comme la révision du code de la famille», et d'ajouter : «Après avoir lu le contenu de cette réforme, nous avons constaté qu'elle respecte les principes défendus par le MSP, lequel prône l'enrichissement dans le respect de nos principes musulmans et nos constantes nationales.»