Ce n'était pas un blockbuster. N'en déplaise à Bruce Willis, présent dans le stade et habitué du genre. Kei Nishikori n'a pas tenu son rôle. Et surtout Marin Cilic a trop bien joué le sien. Du premier point - un revers adverse dans le filet - au dernier - un revers croisé gagnant -, le Croate a tout fait: aces (17 au total), coups gagnants (38) ou montées à la volée (11 approches sur 13 concluantes)... Et il n'a jamais tremblé. Relax, au point de remporter son jeu de service blanc, à 5-3 dans la première manche, pour virer en tête (6-3). Relax, au point d'arrêter l'échange à 5-2 dans le deuxième set, d'en sourire et de voir que le hawk-eye lui donnait tort. Relax, au point de commettre une énorme double faute sur sa première balle de match et de conclure juste derrière. «Goran (Ivanisevic) m'a apporté quelque chose de très spécial (...) Mon rêve se réalise, c'est un grand accomplissement» Pris à la gorge d'entrée, le Japonais, favori du public, n'est jamais parvenu à mettre en place son tennis. Bousculé, il a souvent forcé (19 points gagnants pour 30 fautes directes). Son timing? Envolé. Vainqueur de ses trois derniers matchs sans perdre un set (Tomas Berdych et Roger Federer avant la finale), le protégé de Goran Ivanisevic, qui avait manqué l'US Open l'an dernier en raison de sa suspension pour dopage, a signé une éclatante revanche. Plus aucun Croate n'avait été sacré en Grand Chelem depuis son coach, lors de l'édition 2001 de Wimbledon. Allongé sur le court, les bras en croix, il pouvait hurler sa joie avant de rejoindre son clan. Puis de prendre son téléphone. Relax jusqu'au bout! «Il a très bien joué, je n'ai pas pu pratiquer mon tennis, a reconnu l'élève de Michael Chang au micro du stade. Je le félicite. C'est difficile mais je suis quand même très heureux d'avoir pu disputer une première finale en Grand Chelem.» D'autant qu'il s'est fait opérer d'un kyste à l'intérieur du pied le 4 août, soit trois semaines à peine avant le début d'un tournoi qui l'aura vu éliminer Milos Raonic, Stan Wawrinka et surtout Novak Djokovic. «J'ai fourni un travail très intense, surtout sur cette deuxième partie d'année, a expliqué Cilic, 26 ans le 28 septembre prochain et nouveau numéro 9 mondial (meilleur classement égalé). Goran m'a apporté quelque chose de très spécial. Il fallait avant tout que je me fasse plaisir et que j'en prenne dans mon tennis et dans la vie. Mon rêve se réalise, c'est un grand accomplissement.» Un sacré «happy end» pour un film qui rafle haut la main l'Oscar de la plus grosse surprise de la saison.
