Le président US avait en début de week-end haussé le ton, revêtant son uniforme de chef de guerre, déclarant la «guerre sans merci» à l'Etat islamique. Il s'est dit «déterminé» à le «détruire». Notons que le prix «Nobel de la paix 2009», qui comptait mettre un terme aux errements et aux engagements militaires US aux quatre coins du monde, fait désormais «mieux», sans doute pire que son prédécesseur, George W. Bush. Donnant acte à ce dernier de n'avoir pas fait mystère de ses projets pour le Moyen-Orient. M.Obama s'est, pour sa part, illustré sur sa bonne mine et ses déclarations faussement naïves sur la paix. Il se révéla ainsi un redoutable calculateur, capable d'effectuer sans état d'âme des retournements à 180°. En 2011, il souhaitait, du haut de la tribune de l'AG de l'ONU, l'accession de la Palestine à l'ONU, l'année suivante, il a été le plus farouche opposant à cette adhésion. Entre-temps, il a appris à connaître les «lignes rouges» à ne pas dépasser. La gestion du terrorisme en général, la question jihadiste en particulier, montre combien le président américain s'est obstiné à regarder les événements par le petit bout de la lorgnette. Il ne voyait que ce qu'il voulait voir, tout en tentant de faire plier à sa lecture biaisée les faits, ne tenant que partiellement compte de la réalité jihadiste. Barack Obama sait, doit à tout le moins savoir, cette réalité à laquelle les dirigeants américains ne sont pas totalement étrangers, qui contribuèrent même à son avènement. En 2001, il n'y avait qu'un foyer jihadiste organisé en Afghanistan. En 2014, treize ans après, il y a, selon les experts, une quinzaine de groupes jihadistes qui agissent au niveau de plusieurs continents. Or, les Etats-uniens, sont les premiers responsables dans la prolifération des groupes terroristes, singulièrement depuis leur invasion de l'Irak. Le phénomène terroriste était inconnu au Moyen-Orient. Or, en peu d'années, avec le prosélytisme effréné et l'appui de l'Arabie Saoudite et du Qatar, cette région a connu un bouleversement géopolitique impressionnant. Les Etats-Unis qui avaient des projets de division des pays arabes en Etats ethniques et religieux ont fortement approuvé et appuyé la politique des monarchies fondamentalistes du Golfe. En fait, deux fondamentalismes se sont rencontrés, celui hégémonique US, qui voulait installer dans le Monde arabe des Etats «modérés» (c'est-à-dire qui ne soient hostiles ni aux Etats-Unis ni à Israël) et les monarchies qui voulaient, elles, avoir des partenaires arabes à leurs images. Les événements de Syrie, et ledit «Printemps arabe» entraient de plain-pied dans cette politique de «reconversion» et de «reconfiguration» du Monde arabe. Sans revenir sur le chaos qui marque la Libye après l'intervention militaire occidentale, relevons toutefois que ladite «Révolution» programmée par les Etats-Unis et les monarchies du Golfe contre le régime syrien de Bachar al-Assad, tourne pour eux au cauchemar. Quand la Maison-Blanche a soutenu, même indirectement, les jihadistes contre le régime syrien, elle avait fait un choix stratégique. Entre une dictature, certes méprisable, et des jihadistes qui veulent imposer leur dogme par la violence et la brutalité, Obama a choisi les seconds. Or, les jihadistes étaient nettement mieux organisés, formés et financés que ne l'était le rassemblement hétéroclite, connu sous le nom d'«Armée syrienne libre» (ALS). Cela s'est d'ailleurs traduit rapidement sur le terrain, d'autant plus que ladite opposition modérée» (composée essentiellement de Syriens apatrides) perdait du terrain sur tous les plans. En Syrie, ce sont bien les divers groupes jihadistes, dont celui qui allait prendre le nom d'«Etat islamique» qui menaient le combat contre le régime de Damas. Et ces groupes jihadistes étaient financés par les deux monarchies nommément citées plus haut, avec l'accord tacite des Etats-Unis. Selon un dernier rapport de la CIA, entre 20.000 et 31.000 jihadistes opèrent en Syrie et en Irak, d'autres sources parlent de plus de 100.000. Le «trésor» de l'Etat islamique est évalué à plus de 2 milliards de dollars. Si l'Etat islamique a pu fonctionner comme un «Etat» c'est bien parce que, outre ses innombrables sources de financement, on le laissa faire estimant qu'il allait concrétiser ce que les Etats-Unis projetaient pour le Monde arabe. Toutefois, l'exécution de deux journalistes américains et, aussi, les difficultés que rencontrent les multinationales US en Irak ont changé la donne faisant reconsidérer la situation à Washington. Obama fit ainsi un retournement stratégique contre l'EI, de même que les monarchies qui voyaient désormais en cette entité une menace pour leurs trônes. Il n'y avait rien d'humaniste ou de philanthropique dans l'action US en Irak. Cqfd!