Insolite a été la déclaration du chef de la diplomatie saoudienne, Saoud Al-Fayçal qui affirma, mercredi dernier, à Riyadh, lors d'une conférence de presse avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry: «Nous ne pouvons que considérer la Syrie comme une terre occupée, ce qui nécessite une réaction internationale rapide et ferme.» Qui est (sont) l'(es) occupant(s)? les jihadistes - dont un contingent de Saoudiens - qui se battent contre le peuple et l'armée syriens. Il ne semble pas que le ministre s'en est pris aux phalanges jihadistes qui pullulent en Syrie. Aussi, il faut comprendre que «l'occupant» de la Syrie ne serait autre que le régime actuel de Damas. Franchement incroyable! Or, on n'a jamais entendu un responsable saoudien porter des accusations aussi claires contre Israël - il occupe depuis 66 ans les territoires palestiniens - et exiger que la communauté internationale protège les Palestiniens. Cela n'est pas étonnant dans la mesure où l'Arabie Saoudite arme et finance les «jihadistes» qui font, depuis deux ans et demi, des carnages en Syrie. Ce qui est curieux, en revanche, est que l'on retrouve l'Arabie Saoudite derrière toutes les actions terroristes de ces deux dernières décennies. Des moudjahidine afghans dans les années 1980 à la situation en Syrie en 2013, en passant par les attentats anti-américains de 2001 (19 Saoudiens impliqués), le carnage de Beslan dans le Caucase russe en 2004, les prises d'otages des étrangers en Irak, après l'invasion US en 2003, ou en Algérie - mise à feu et à sang par les islamistes dans les années 1990 - il y avait un dénominateur commun, l'islamisme et un commanditaire, l'Arabie Saoudite dans l'exportation de l'idéologie wahhabite dans le monde musulman. Le terrorisme islamiste, ce chancre du monde contemporain, loin de faire amende honorable, assassine les musulmans, fomente la fitna dans le Monde arabe. La question se pose: «Comment cela se fait-il qu'Al Qaîda qui assassine chaque jour des dizaines de musulmans ne se soit jamais attaquée de front à Israël et à l'Occident?» Cela est-il étonnant lorsque l'on sait qui manipule ces groupes fanatisés à l'extrême qui se nourrissent à la même source, celle de l'intégrisme wahhabite. En fait, ces terroristes du troisième type sont la résultante directe des manipulations auxquelles des jeunes gens ont été livrés à partir des années 1980. Il faut, en effet, remonter à cette période charnière pour comprendre ce qui s'est passé dans les décennies 1980-1990 et se poursuit aujourd'hui au Maghreb et au Moyen-Orient, culminant avec lesdits «Printemps arabes» qui ont vu l'arrivée des islamistes à la gestion de pays arabes. Historiquement, la responsabilité de Riyadh dans la résurgence du «jihadisme» - dont le vrai sens galvaudé à été détourné et sert aujourd'hui de paravent à toutes les déstabilisations - est largement engagée dans sa volonté d'imposer le wahhabisme, une idéologie rétrograde. Les Etats-Unis n'y sont pas pour peu également qui, pour des raisons stratégiques évidentes, ont grandement contribué à l'apparition des phalanges islamistes. En fait - c'est une autre histoire - les attaques anti-américaines de 2001 auront notamment largement servi les desseins d'hégémonie de Washington. Pour des raisons similaires, Riyadh a voulu «re-islamiser» le Monde arabo-musulman à ses normes par la mise en oeuvre d'un prosélytisme de grande envergure dans l'optique d'affermir son emprise sur ces peuples, grâce à ses pétrodollars et sa vision intégriste - dans sa version wahhabite - de l'Islam. En fait, les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite, dont les chefs de la diplomatie se sont rencontrés à Riyadh, sont impliqués dans l'émergence, l'affermissement, voire l'expansion du terrorisme islamique. Oussama Ben Laden, présenté comme un épouvantail et ayant fait tant «peur» aux Etats-uniens, a été pourtant une créature des services secrets américains. Agent de la CIA, sa mission a été de former des soldats islamistes, les fameux «afghans», qui ont essaimé au Maghreb et au Moyen-Orient semant la terreur dans leurs pays d'origine après qu'ils eurent été chassés d'Afghanistan. Cette terreur est aujourd'hui imposée aux Syriens par des «jihadistes» dont l'un des mentors - avec le Qatar - n'est autre que l'Arabie Saoudite. En fait, Riyadh qui est prête à tout pour faire tomber le régime de Damas, s'est encore trompé d'ennemi, faisant profil bas face à Israël qui continue de persécuter Palestiniens et Arabes. Cqfd!