«Nous voulons réconcilier les Algériens avec l'islam authentique» Le premier responsable des Affaires religieuses n'hésite pas à s'attaquer aux fossoyeurs de l'islam. Le rétablissement de l'islam ancestral, celui de la tolérance, semble être son cheval de bataille. Il a adopté un discours «osé» et sans tabou qui tranche avec celui plat de son prédécesseur. Sa démarche vise «à dépoussiérer notre islam ancestral», a-t-il expliqué dans une interview parue dans l'édition d'hier du quotidien El Watan. Il défend vouloir retrouver une pratique modérée de l'islam qui prend ses sources dans les textes de la Révélation, du Saint Coran et de la Sunna, «mais aussi qui prend en considération les paramètres du temps et de l'espace». «Chaque fois qu'il y a eu égarement, cela a donné lieu à l'extrémisme. Or l'Algérie s'est égarée, a perdu ses repères, ses référents en la matière. Et dans un contexte de «révolution» au nom d'un islamisme radical, nous avons perdu nos repères et nos référents authentiques. Nous avons oublié que nous appartenons à une civilisation qui a jailli de Cordoue et nous nous sommes retrouvés dans une pratique bédouine de la religion», a-t-il souligné, rappelant que l'Algérie appartient à la Méditerranée, très proche de l'Europe et qu'elle a été fortement influencée par l'Andalousie. Le ministre a déploré le background et la philosophie qui ont présidé à la décennie noire, «c'est que nous avons importé une façon de pratiquer l'islam qui est propre à un autre pays». Il a donné l'exemple du Nigeria, un pays musulman de rite malékite, qui a importé le wahhabisme de l'Arabie Saoudite. «Cela a donné Boko Haram». «L'Irak qui a toujours été hanafite et qui a importé une façon de pratiquer la religion propre aux pays du Golfe, cela a donné Daesh. C'est exactement ce qui s'est passé en Algérie», a-t-il encore expliqué. Mohamed Aïssa regrette aussi que le discours religieux actuel s'axe sur l'attaque. «Nous avons perdu ce prêche qui vous serre le coeur, qui pousse à aller demander pardon à une personne que nous avons blessée, à nos mamans insultées. Nous avons perdu cette conscience qui responsabilise et vous incite à revenir au droit chemin», a-t-il déploré. Cela avant de préciser que son discours s'axe sur tout ce qui pourrait promouvoir le référent religieux national, attirant l'attention sur des mouvements qui veulent le détruire. «Au final, nous voulons réconcilier les Algériens avec l'islam authentique», a-t-il dit. Pour lui, il y a énormément de choses à revoir. Il se dit conforté dans cette démarche par sa collègue de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. «Nous avons été instruits par le Premier ministre de revoir ensemble le contenu des programmes. Jusque-là, enseigner l'éducation islamique formait un pseudo mufti et non un musulman civil, bon modéré, patriote. Les éducateurs renflouaient les élèves de connaissances avec des références discutables, car ne venant pas du référent national en raison de la période durant laquelle ces programmes ont été établis. Nous conjuguons nos efforts dans l'école publique, privée et coranique pour parvenir à une culture civique et contre la manifestation de l'intolérance», a-t-il ajouté dans la même interview. Le ministre s'est félicité du fait que les Algériens, les institutions et les imams se sont ressaisis et la mosquée qui était le pupitre à partir duquel jaillissait la discorde, a été récupérée pour en faire un outil de réconciliation des Algériens avec leur pratique ancestrale de la religion.