Il faut un code et une organisation pour permettre une exaltante prouesse. Il a fallu du temps pour que la Ligue des dramaturges voit le jour. Ainsi, dans le cadre de l'Union des écrivains algériens et sous l'initiative de certains d'entre eux et de comédiens, le but visé, à savoir la mise en place d'une ligue, a été enfin concrétisé. Selon les promoteurs, cette initiative vise à promouvoir le quatrième art qui a besoin, aujourd'hui, d'une telle structure en considérant l'état dans lequel ont sombré la culture et le théâtre. En effet, ces deux domaines ont toujours été délaissés par nos responsables, au profit d'autres secteurs plus rentables économiquement et financièrement. Les cris entendus, çà et là, pour mettre au diapason les différents domaines de développement n'ont pas reçu l'écho escompté. Ces deux secteurs demeurent les parents pauvres des investissements malgré l'existence d'un ministère de tutelle. A chaque fois, à chaque occasion, des promesses sont faites mais elles restent lettre morte. Ainsi, cette corporation qui a vécu toutes les affres de la censure a décidé d'aller de l'avant en mettant, avant tout, en place une organisation de défense de leurs droits et surtout, à travers un espace vital pour permettre un échange d'idées, d'expériences et arriver à une osmose entre les différents acteurs du monde du théâtre et du livre. Dans un communiqué à l'issue de la réunion constitutive, les responsables de la Ligue ont précisé que «cette structure ne se substitue à aucune autre structure théâtrale ou artistique, tout en souhaitant une coopération effective et positive» avec tous les organismes et institutions culturels dans le but d'assurer une relance de l'art dramaturge. Encourager la création, aller vers un public large, être sur le terrain durant toute l'année, revendiquer les espaces pour s'exprimer et diffuser le message... sont autant de buts à réaliser et dont la Ligue doit relever le défi. Aujourd'hui plus que jamais, l'homme ou la femme de théâtre est exposé aux vicissitudes de la vie. Il se retrouve ce parent pauvre de la société, malgré ses efforts et son courage. Il est la proie de toute critique acerbe. Il demeure cette «loque» qui n'arrive pas à s'affranchir et ce, à cause des embûches qu'il rencontre. Ailleurs, le théâtre est considéré comme un domaine vital à l'épanouissement de la société. Il fait prendre conscience à toute la société pour changer de cap et éviter les dérapages dangereux. Ainsi, la relance de l'art dramaturge est devenue une nécessité incontournable afin de permettre aux amoureux du mot et du geste de vivre d'autres facettes de la vie. N'a-t-on pas connu des géants dans ce domaine? Kateb Alloula, Kaci Tizi Ouzou, Sonia, Minouche... pour ne citer que ceux-là, omis par nos responsables mais adulés par le public. Ils étaient montrés du doigt et considérés comme pestiférés par nos responsables qui voient en eux des «trouble-fêtes» dangereux. La création d'une telle ligue dont le bureau provisoire est présidé par Dr Ahmed Mennour et qui regroupe de grandes figures du monde littéraire et théâtral, vient réconforter dans une large mesure cette famille. Elle est là pour le renouveau. Espérons que ce n'est qu'un début pour notre théâtre qui se voit mourir chaque jour et souhaitons que d'autres initiatives soient prises pour un avenir meilleur.