La 12e édition du Festival international de jazz de Constantine a été clô-turée en apothéose, vendredi soir, avec le guitariste de flamenco, Juan Carmona, et l'un des maîtres du chaâbi, P'tit Moh, dans un brassage musical exquis. Juan Carmona et son jeu dynamique, sa virtuosité et sa façon d'aborder la texture musicale a exécuté des morceaux dont le rythme renvoie aux anciens chants des mineurs de l'Andalousie, suscitant l'enthousiasme du public, présent en nombre. P'tit Moh, de son vrai nom Mohamed Abdennour, enchaîne avec Aadrouni ya ahli ou nassi lah tloumouni et Ana kaoui dans la pure tradition du chaâbi algérois. Juan revient encore avec des airs festifs pour interpréter des morceaux musicaux exprimant la pure et puissante âme andalouse, quand P'tit Moh propose ô Achaq ezzin. Le suave va-et-vient de l'archet du violon, les notes cristallines de la mandoline, accompagnés par le synthétiseur et la derbouka ont donné une profusion des genres, générant une atmosphère de communion dans une belle randonnée musicale au coeur des sonorités de la culture andalouse et maghrébine. Après le spectacle, Juan a précisé que le duo avec P'tit Moh est une découverte de sons différents qui restent proches de lui. A la base, on parle la même langue, c'est la musique, et puis, émotionnellement, la musique algérienne n'est pas pour moi une musique étrangère, a-t-il confié. P'tit Moh a indiqué, quant à lui, essayer de composer des pièces aux contenus authentiques, puisant leur âme de la musique chaâbie, mais qui répondent à une forme esthétique moderne». La deuxième partie de la soirée de clôture a été confiée au chanteur de salsa colombien, Youri Buenaventura qui a fait monter d'un cran la température de la salle. A peine les premières notes des trompettes, des percussions, des guitares des instrumentistes se sont mises à résonner que la voix de Youri embrasait déjà la salle. Le public répond d'emblée présent et ne tient plus sur les chaises tant la vivacité et l'envie de danser étaient véritablement prenantes. La troupe transporte l'auditoire en Amérique latine grâce à des cuivres ahurissants, insistants et syncopés, répondant aux percussions enivrantes. L'effet est irrésistible. La maracon et la guacharaca, deux instruments propres à la musique latino se mêlent au jeu et provoquent un véritable déchaînement d'un public conquis. L'homme qui s'était fait connaître en osant interpréter l'immortelle complainte de Brel Ne me quitte pas en l'accommodant à la sauce salsa, aura tenu toutes ses promesses.