Bruxelles a demandé à l'Espagne des "éclaircissements" pour détecter la faille dans son système de santé qui a permis la contamination par le virus Ebola d'une aide-soignante d'un hôpital madrilène, a indiqué mardi un porte-parole. "La Commission européenne a envoyé lundi un message au ministère espagnol de la Santé pour obtenir des éclaircissements" sur ce qui a rendu possible cette première contamination hors d'Afrique, a expliqué le porte-parole, Frédéric Vincent. "Il y a évidemment eu un problème quelque part", alors que les Etats membres de l'UE sont censés avoir mis en place des procédures nationales précises et coordonnées au niveau bruxellois pour prévenir l'entrée du virus sur le territoire européen, a-t-il souligné. L'aide-soignante avait traité deux missionnaires infectés par la fièvre hémorragique Ebola et décédés depuis, avant de contracter elle-même le virus,a annoncé lundi le gouvernement espagnol. Malgré ce cas, "il n'y a pas d'inquiétude" à la Commission, la propagation du virus Ebola "en Europe reste hautement improbable", a déclaré M. Vincent. L'exécutif européen espère que l'Espagne pourra soumettre dès mercredi de premières réponses à l'examen du Comité de sécurité sanitaire. Ces derniers mois, cette instance européenne de coordination et d'échange d'informations "se réunit toutes les semaines sur Ebola, sa réunion de mercredi sera consacrée au cas espagnol", a précisé M. Vincent. Le problème survenu, quand il sera identifié, "servira de leçon aux autres" pays, a-t-il estimé. D'autant que l'hôpital où la quadragénaire a été contaminée "est censé être un hôpital de référence" contre Ebola, et pouvoir accueillir si besoin est des ressortissants européens. "Mais cela peut prendre du temps, les autorités espagnoles cherchent elles même à comprendre, il faut retracer tout l'historique" du cas, a-t-il souligné. L'aide-soignante a été admise dans une unité spécialisée de l'hôpital d'Alcorcon, dans le sud de Madrid, après deux tests positifs au virus Ebola. Elle s'était sentie mal le 30 septembre mais n'avait consulté un médecin que dimanche. Une trentaine de personnes qui ont été en contact avec elle sont désormais suivies par les autorités sanitaires. Une étude commandée par la Commission et rendue publique le 29 septembre estimait que le risque d'une propagation d'Ebola en Europe à partir d'un malade évacué d'Afrique "est considéré comme extrêmement faible". L'estimation est fondée tant sur le mode de transmission de la maladie, qui suppose un contact direct avec "les cinq S" (sperme, selles, sang, sueur et salive) que sur la qualité de la prise en charge médicale et sanitaire en Europe. Mais la vigilance et le strict respect des procédures n'en reste pas moins de mise, selon cette étude, car si un cas se déclare dans l'UE, "une transmission secondaire au personnel de soin et à la famille ne peut pas être exclue". La Commission européenne s'est employée à coordonner avec les Etats membres les stratégies de prévention et de préparation, en coopération avec le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, et l'organisation mondiale de la Santé. Depuis cet été, l'organisation des évacuations médicales, le recensement des capacités hospitalières et l'information aux voyageurs sont à l'agenda du Comité de sécurité sanitaire. Parallèlement, la Commission a débloqué 180 millions d'euros en faveur des trois pays africains à l'épicentre de l'épidémie, Sierra Leone, Liberia et Guinée, et exhorté les Etats membres à rattraper "le temps perdu" en fournissant plus de fonds, matériel et équipes.