«La main invisible des agrégateurs se glisse dans la poche des diffuseurs.» Marie-Christine Saragosse Alors que l'Europe est envahie par les télévisions payantes américaines et fait face au géant Netflix, le monde francophone se mobilise. Du 8 au 10 octobre à HEC-Montréal, il a rassemblé des professionnels francophones de quatre continents et de tous les horizons concernés: radio, télévision, Internet et presse écrite. Les patrons des principales entreprises audiovisuelles d'Europe, d'Afrique et du Canada ayant fait le déplacement: Rémy Pfimlin (France Télévisions), Marie-Christine Saragosse (France Médias Monde), Mathieu Gallet (Radio France), Yves Bigot (TV5 Monde), Ahmadou Bakayoko (Radio-Télévision ivoirienne), Louis Lalande (Radio Canada), Suzanne Gouin (TV5 Québec-Canada) et Jean-Paul Philippot (Rtbf). Les sociétés de radio et télévision publiques francophones étaient également représentées par Guila Thiam, secrétaire générale du Cirtef (Conseil international des radios et télévisions d'expression française) et Mohamed Maïga, secrétaire général du Rapaf (Réseau de l'audiovisuel public d'Afrique francophone). Du côté du privé, quelques ténors ont tout de même pu faire entendre leurs voix: Françoise Le Guennou-Remarck (groupe Canal), Constant Nemale, patron d'Africa 24, Dominique Guihot (Africa N°1), André Provencher (groupe Québecor) et Mactar Silla, promoteur d'une nouvelle chaîne panafricaine qui devrait être lancée en 2015 à partir de Libreville. Seule l'Algérie n'était pas présente à cette importante réunion des télévisions francophones. Il faut préciser aussi que même si l'Algérie est le deuxième pays francophone après la France, elle n'est pas membre de l'OIF (Organisation internationale francophone). La majorité des interventions faites lors de ces rencontres de Montréal, a mis l'accent sur la télévision de demain qui obéit à trois mots d'ordre: délinéarisation, mobilité et interactivité. Fini les questions sur le poste fixe ou des horaires contraignants pour regarder des programmes. Désormais, les professionnels mettent l'accent sur l'importance du Net dans l'audiovisuel. Comme d'habitude, l'intervenante la plus écoutée sera Marie-Christine Saragosse qui a aligné des chiffres encore plus vertigineux sur France Médias Monde (Radio France Internationale, France 24 et Radio Monte-Carlo Doualiya): 13,5 millions d'«amis» sur Facebook, 4,3 millions de «suiveurs» sur Twitter. France Télévisions, pour sa part tente d'afficher sa puissance en indiquant qu'elle possède désormais le troisième site d'information de France (derrière ceux du Monde et du Figaro). Sylvain Lafrance, ancien patron de Radio Canada et directeur du pôle médias de HEC-Montréal, a évoqué l'hégémonie et l'abus de position dominante de la part des géants de l'Internet. Les projections démographiques selon lesquelles 85% des 715 millions de francophones de 2050 se trouveront en Afrique ont déjà mis en émoi les professionnels francophones et le continent africain était présent dans tous les discours tenus à Montréal, a-t-il déclaré. L'Internet est un outil de transfert pour les fictions africaines qui s'illustrent par le succès de la chaîne Nollywood TV, qui arrive en quatrième position des chaînes les plus regardées du bouquet Canal Satellite (derrière TV5, France 24 et Euronews). Avec un potentiel de demandes audiovisuelles et de contenus immense, l'Afrique francophone avec ses 12 pays, représente un marché de 200 millions d'habitants. La population, particulièrement jeune (en 2040, 40% des adolescents du monde seront africains), est susceptible d'adopter plus facilement les nouvelles technologies. [email protected]