«La francophonie, c'est un vaste pays, sans frontières. C'est celui de la langue française. C'est le pays de l'intérieur. C'est le pays invisible, spirituel, mental, moral qui est en chacun de vous.» Gilles Vigneault Extrait d'une émission de télévision Le successeur de Marie-Christine Saragosse à la direction de la chaîne internationale TV5Monde devait être désigné le 16 octobre à l'occasion d'un conseil d'administration de la chaîne francophone internationale, mais pour l'heure rien n'a été fait. En raison de l'absence d'un accord entre les pays partenaires essentiellement issus du monde francophone, le processus a été différé d'un mois. Depuis sa création en 1984, la chaîne a toujours été présidée et dirigée par des Français. Un ou plusieurs noms devraient être présentés au conseil d'administration de TV5Monde, à la suite de discussions entre les gouvernements bailleurs de fonds (France, Belgique, Suisse, Québec) auxquelles les dirigeants de TV5Monde ne participeront pas. La France avait pourtant son candidat: le haut fonctionnaire Richard Boidin, ancien directeur de l'audiovisuel extérieur et des techniques de communication au Quai d'Orsay. D'autres noms circulent: Ghislain Achard, ancien directeur général de France Télévisions, et d'Anne Brucy, ancienne directrice du réseau de radios locales France Bleu. Mais la nomination d'un directeur de nationalité française n'est pas du tout acquise. Les actionnaires minoritaires sont agacés de voir Paris jouer, toujours, cavalier seul. «Les partenaires ont été sollicités tardivement, ils veulent une consultation approfondie», affirme un responsable d'un pays contributeur. Belges, Suisses et Canadiens, présents au capital par le biais des groupes audiovisuels RTBF, SSR, Radio-Canada et Télé-Québec, réclament un semblant de consensus et surtout une participation active dans la chaîne francophone. Ils ont spécifié à Paris leur conception du candidat idéal: un vrai professionnel de l'audiovisuel doté d'une solide expérience internationale. L'option Richard Boidin est donc écartée, celui-ci n'ayant jamais dirigé une chaîne. Une fonction qui lui revient en tant que présidente du conseil d'administration, l'AEF étant le premier actionnaire de TV5 Monde. Ce différend intervient dans une période d'incertitudes sur l'avenir de TV5 Monde. Au moment où l'audiovisuel extérieur de la France se réorganise, la chaîne francophone cherche sa place. Le rapport de Jean-Paul Cluzel, transmis en juin au gouvernement, préconisait le transfert des parts de l'AEF à France Télévisions. Et, pourquoi pas, la montée du groupe public à 61,58% du capital, ce qui ferait de TV5 Monde, l'une de ses filiales. L'ancien patron de RFI et Radio France soulignait que l'arrivée, en 2009, de l'AEF dans le capital de TV5 Monde avait été «une fausse bonne idée» se traduisant par des effets de synergie «des plus limités». La chaîne francophone a toujours regardé avec méfiance cette holding chapeautant France 24 et RFI, qui a connu des débuts catastrophiques. Pour autant, l'idée d'un adossement à France Télévisions, financièrement aux abois, ne rassure guère les troupes. Mme Saragosse a fait savoir que les discussions n'allaient pas forcément dans le sens d'une filialisation. D'autant que les partenaires étrangers restent vigilants à ce que la chaîne conserve sa mission internationale: TV5 Monde est distribuée dans 235 millions de foyers, répartis dans 200 pays. [email protected]