Le mythique 21 boulevard des Martyrs, siège de l'Entv fera-t-il sa révolution? En tout cas, ça bouge dans les rangs des employés. Dans un communiqué rendu public à l'occasion du 52ème anniversaire du recouvrement de la souveraineté sur l'ex-RTA, la section syndicale des journalistes de l'Eptv a exprimé sa colère face aux conditions d'exercice de leur métier.Le syndicat des travailleurs de l'Entv, mené par la secrétaire générale Baya Belkheir, réclame l'ouverture de la télévision publique à la société, en s'inscrivant dans la dynamique de l'ouverture à l'audiovisuel privé. Tout en exprimant sa satisfaction de ce que le secteur de l'audiovisuel connaisse une ouverture, le syndicat s'interroge sur l'avenir de l'entreprise publique de télévision «compte tenu de la situation difficile qu'elle vit». Et aux professionnels de l'Entv de sérier un chapelet de carences, de subjectivité et autres censures qui rythment leur travail. Le collectif souligne ainsi le «repli» de la télévision sur elle-même au moment où le secteur de l'audiovisuel «connaît une grande ouverture sur la société». Les employés de l'Entv dénoncent l'absence de «cadre juridique et législatif», devant régir le fonctionnement des cinq chaînes de télés publiques. Une situation qui se répercute négativement sur l'entreprise-mère depuis des années et qui a renforcé la «centralisation excessive de la décision». Les journalistes mettent en évidence le «flou» et la «duplicité» dans le traitement des questions posées sur la scène nationale. Pour eux, la télévision fait exactement le contraire de ce que commande le service public. Les journalistes de l'Entv dénoncent les obstacles administratifs et bureaucratiques qui entravent le travail de l'entreprise qui est normalement censé être celui de l'information et de la communication». Dans son communiqué audacieux, la section syndicale de la Télévision nationale ira même jusqu'à dénoncer l'absence de «toute vision d'avenir» et «d'objectifs» assignés à l'entreprise, au même titre que les autres entreprises publiques du secteur comme l'APS et les journaux publics. Dans ce communiqué, très diplomatique, il ne vise pas la direction de l'Entv et encore moins certains responsables de chaîne très décrié par les employés. Ce communiqué de deux pages envoyé aussi bien à la direction qu'à la tutelle, témoigne d'un grand malaise qui s'amplifie à l'ex-Unique. Pour une fois, les revendications ne sont pas socioprofessionnelles, voire politiques. C'est la première fois d'ailleurs que les journalistes de ce média lourd réagissent officiellement en dénonçant les obstacles et la bureaucratie dans l'exercice de leur métier. Il faut surtout préciser que l'Entv est la plus importante entreprise médiatique publique, elle comptait officiellement 3 447 employés en 2012 et dispose d'un budget global de 6,2 milliards de dinars, soit environ 60 millions d'euros, selon des chiffres de 2012. L'Entv dispose d'ailleurs de deux syndicats très puissants et redoutés. Tous les deux sont affiliés à l'Ugta. L'un représente les journalistes tenu par Baya Belkheir et l'autre syndicat représente les techniciens. Ce dernier est plus important en adhérents et avait obtenu contre l'avis de sa direction des augmentations salariales importantes, il y a presque deux ans. [email protected]