Des forces irakiennes ont mené hier des opérations contre des rebelles en en tuant treize. Soutenue par la force multinationale, des soldats de la Garde nationale et des policiers irakiens ont mené hier à Baâqouba, à une soixantaine de kilomètres au nord de Bagdad, une opération d'envergure contre un refuge rebelle, tuant treize rebelles lors de l'affrontement. Selon un communiqué du porte-parole américain des forces multinationales, «les soldats du 204e bataillon de la Garde nationale et des policiers irakiens ont tués 13 rebelles qui les ont attaqués de l'extérieur de la ville de Bohrour». En fait, ces attaques ont eu lieu après que les soldats et policiers irakiens, soutenus par la force multinationale, ont entrepris des opérations de recherche dans les fermes isolées des environs de Bohrour et Baâqouba. Le même porte-parole a également précisé que «les forces de sécurité irakiennes ont poursuivi les éléments anti-irakiens dans la ville et ont été attaqués à l'arme légère et à la roquette antichar». Selon des témoins habitant non loin des lieux de combats, il y aurait eu échange de tirs d'obus et de missiles. Cette opération combinée entre les forces irakiennes et multinationales fait suite à la découverte récemment d'une cache d'armes par des unités de l'armée américaine, qui arrêtèrent dans le même temps une quinzaine de suspects. Baâqouba, et sa région, est considérée comme étant une ville rebelle et l'un des fiefs de la résistance à l'occupation américano-britannique au même titre que Falloujah à l'est de Bagdad. De fait, l'opération de la nuit de samedi à dimanche visait tout particulièrement cette cache qui aurait pu être l'un des refuges de l'insaisissable Abou Moussab Al Zarqoui qui revendiqua la majorité des attaques et attentats commis depuis août de l'année dernière en Irak. Le transfert du pouvoir à un gouvernement irakien intérimaire, loin d'apaiser la situation, semble a contrario l'avoir exacerbée, les membres de ce cabinet transitoire dirigé par Iyad Allaoui, étant devenus les cibles privilégiées des attentats de ces dernières semaines avec notamment un vice-ministre chargé de la coopération, Bassam Qoubba. De fait, Iyad Allaoui et le président intérimaire, Ghazi Ajil Al-Yaouar, n'ont jamais été aussi impopulaires devant la tête de turc des manifestants. Le problème du gouvernement intérimaire est que ses hommes clés, trop inféodés aux Etats-Unis, n'arrivent pas à réaliser l'adhésion d'une population qui demeure sceptique et ne croit pas en une équipe dont l'action dépend totalement de la coalition américano-britannique et des forces étrangères multinationales. En réalité, perçus comme des hommes liges de Washington, Iyad Allaoui et Ghazi Ajil Al-Yaouar ont en revanche fait l'union contre eux, ne disposant ainsi que d'une marge très étroite pour tenter de rétablir la sécurité et, partant, remettre à l'ordre du jour la mise en place des institutions légitimes de l'Irak. Or, tant que l'insécurité perdure, il y a peu de chance que l'Irak franchisse l'étape qualitative devant la mener à une souveraineté véritable. Cela d'autant plus que les hommes de l'actuel cabinet semblent plus soucieux de conforter leur position sur l'échiquier politique irakien que réellement déterminés à tout mettre en oeuvre pour redonner quelque espoir à une population ballottée entre violences terroristes et menaces du grand banditisme. Et les rapts devenus une monnaie d'échange sont loin de clarifier la donne irakienne plus confuse que jamais. De fait, il n'y a toujours pas de nouvelles du diplomate égyptien et des sept chauffeurs kidnappés vendredi dernier. D'ailleurs ces affaires d'otages ont eu une conclusion à tout le moins fâcheuse pour le crédit du cabinet Allaoui, avec le départ anticipé du contingent philippin. De fait, cela a mis en colère l'Australie, menacée de représailles par le groupe Tawhid wal Jihad d'Abou Moussab Al Zarqaoui, qui accusait hier les Philippines d'avoir cédé au chantage des terroristes. Ainsi, le ministre australien des Affaires étrangères, Alexander Downer, estimait que les menaces «découlaient directement du retrait, la semaine dernière, du contingent philippin d'Irak en échange de la libération d'un otage et du retrait de l'Espagne après les attentats de Madrid en mars dernier», semblant ainsi lier ces attentats à la situation prévalant en Irak. En fait, la situation en Irak est de plus en plus ingérable et les lendemains du pays sont plus que jamais incertains.