«Tant que je resterai l'entraîneur du club, il y aura beaucoup moins de joueurs africains qui rejoindront les rangs des Girondins de Bordeaux», a déclaré le 3 novembre l'ex-international français Willy Sagnol au journal Sud Ouest. L'ancienne vedette des Bleus ferme la porte de son équipe aux joueurs africains et en ouvre une aux thèses xénophobes véhiculées par le Front national. La vague bleu marine vient de faire escale au sein d'une des plus prestigieuses formations françaises de football: Bordeaux. Le fief d'Alain Juppé, maire de la ville, républicain et démocrate convaincu, a déclaré sa flamme juste le temps d'une interview au parti de Marine Le Pen. L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac (1995-1997) appréciera. «Une certitude, tant que je serai entraîneur des Girondins, beaucoup moins de joueurs africains rejoindront le club», a déclaré le 3 novembre l'ex-international français Willy Sagnol au journal Sud Ouest. Une «réaction» qui fait suite à la question de la gestion des effectifs de certains clubs qui seront diminués par l'absence de joueurs africains retenus par leur pays pour disputer la CAN 2015. Puis il s'enhardit et se lance dans un portrait réducteur du footballeur du continent africain qui n'est pas loin de rappeler celui de la thèse qui entretient le mythe de la race aryenne et qui proclame sa supériorité. «L'avantage du joueur, je dirai typique africain: il n'est pas cher, généralement prêt au combat, on peut le qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n'est pas que ça...» souligne-t-il. C'est quoi alors? «C'est aussi de la technique, de l'intelligence, de la discipline. Il faut de tout.» précise l'ex-Bleu. Des qualités dont serait privé le footballeur africain d'après les explications avancées par le finaliste de la Coupe du monde 2006. «Il faut de tout. Des Nordiques aussi, c'est bien les Nordiques, ils ont une bonne mentalité», lâche l'ex-joueur du Bayern de Munich qui, au fil de démonstration, finit par sombrer dans une idéologie qui a écrit une des pages les plus noires de l'histoire de l'humanité. Des Vikings donc pour attester la suprématie d'un groupe humain par rapport à un autre en se référant à la couleur de sa peau, à son appartenance géographique. C'est ce dont aurait besoin les Girondins de Bordeaux pour pallier le manque d'intelligence et de discipline du footballeur africain... Les propos de Willy Sagnol consacrent cette théorie qui a tissé le lit de l'islamophobie et qui, aujourd'hui, renforce les déclarations de certaines personnalités politiques et civiles (Sarkozy, Eric Zemmour, Marine Le Pen...) qui affirment que l'immigration constitue une menace pour la société française. Sa sortie médiatique a enflammé les réseaux sociaux et choqué le monde du football. «Il y a toujours eu des préjugés sur les joueurs venant d'Afrique, qu'on enferme toujours dans leur force et auxquels on nie une certaine intelligence», a déploré l'ancien international Lilian Thuram, originaire de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. «Lorsque vous lisez ou que vous écoutez Willy Sagnol, on constate qu'il renforce ces préjugés-là» a fait remarquer le coéquipier de Zine Eddine Zidane en équipe de France, vainqueur de la Coupe du monde 1998. Et cela surprend? «Ça me surprend oui parce qu'il n'avait jamais tenu de tels propos», a-t-il fait constater. «C'est vrai que, malheureusement, nous vivons dans un pays où subsistent des préjugés. Lui, les renforce. Je suis extrêmement surpris qu'il puisse tenir ce genre de propos. Car, que ce soit en équipe nationale ou en club, il a dû jouer en club avec des joueurs africains ou d'origine africaine et a dû constater qu'il y avait des joueurs intelligents, disciplinés et très bons tactiquement», a poursuivi l'ancien défenseur du FC Barcelone. Un tacle qui va certainement faire très mal au Stéphanois.