Le parti islamiste tunisien Ennahda, qui ne présente pas de candidat à la présidentielle du 23 novembre, a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi qu'il n'apportait son soutien à aucun des candidats en lice. La décision du Conseil de la Choura, l'autorité suprême du mouvement, était très attendue car Ennahda reste la deuxième force politique du pays après avoir remporté 69 des 217 sièges de l'Assemblée des représentants du peuple aux législatives du 26 octobre. "Le Conseil de la Choura d'Ennahda décide de ne soutenir aucun candidat et de laisser le choix à ses membres pour élire un président qui garantisse la démocratie", a indiqué le mouvement sur son compte Twitter officiel. "Ennahda appelle ses membres à choisir la personnalité appropriée qui conduira ce processus démocratique et cette expérience vers la réalisation des objectifs de la révolution", a précisé Fethi Ayadi, le président du Conseil de la Choura, à la presse dans la nuit. Le parti avait dans un premier temps appelé la classe politique à s'entendre sur un candidat "consensuel capable de réunir tous les partis et préserver le processus démocratique" pour éviter davantage de "tiraillements" dans un pays encore fragile près de quatre ans après sa révolution, et avait affirmé qu'il soutiendrait cette personnalité. Cette initiative avait été fraîchement accueillie. De son côté, le président de la Constituante, Mustapha Ben Jaafar, a récemment lancé un appel aux partis "socio-démocrates" pour qu'ils se mettent d'accord sur un candidat unique au premier tour, sans succès. Vingt-sept candidats sont en lice pour le scrutin du 23 novembre, pour lequel l'ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi, 87 ans, part favori après la victoire de son parti anti-islamiste Nidaa Tounès aux législatives. Parmi les autres candidats figure le président sortant Moncef Marzouki, élu à la présidence fin 2011 par l'Assemblée constituante à la faveur d'une alliance avec Ennahda, qui venait de remporter les premières élections libres de l'histoire de la Tunisie. D'anciens ministres de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali, renversé en janvier 2011 par un soulèvement populaire après 23 ans au pouvoir, la magistrate Kalthoum Kannou et l'ex-gouverneur de la Banque centrale Mustapha Kamel Ennabli sont également candidats. La Constitution tunisienne adoptée en début d'année prévoit un régime politique dominé par le Parlement et où le président n'a que des pouvoirs limités.