Vingt-sept personnalités sont en lice pour la présidentielle en Tunisie le 23 novembre, dont le chef d'Etat sortant, le patron d'un club de foot, d'ex-ministres du président déchu Zine El Abidine Ben Ali et une magistrate, seule femme candidate. Voici les principaux prétendants à la magistrature suprême: Moncef Marzouki: élu par la Constituante fin 2011, il préside depuis la Tunisie, une fonction avec des prérogatives très limitées, l'exécutif revenant au chef du gouvernement. Ce défenseur des droits de l'Homme, opposant en exil de Ben Ali, s'est allié aux islamistes d'Ennahda et estime avoir évité ainsi l'éclatement du pays entre "laïcs" et "religieux". Ses adversaires l'accusent d'avoir sacrifié ses principes au nom de son ambition en formant une coalition avec Ennahda. Béji Caïd Essebsi: chef du principal parti anti-islamiste Nidaa Tounès, vainqueur des législatives du 26 octobre, ce vétéran de la vie politique est à 87 ans le doyen des candidats à la présidentielle. Il a été ministre de l'Intérieur du père de l'indépendance Habib Bourguiba, puis brièvement président du Parlement sous Ben Ali. Premier ministre juste après la révolution, il est considéré comme l'ordonnateur des premières élections libres de l'histoire de la Tunisie (octobre 2011, gagnées par Ennahda). Slim Riahi: richissime homme d'affaires au passé nébuleux, le patron du Club Africain, l'une des deux grandes équipes de foot de Tunis, a vu son parti, l'UPL, inclassable politiquement, arriver en 3e position aux législatives du 26 octobre après une campagne populiste. L'origine de sa fortune est trouble, mais on lui prête des liens avec la famille du dictateur libyen déchu, Mouammar Kadhafi. Hamma Hammami: Figure de proue de la gauche tunisienne, il était l'un des détracteurs les plus virulents de Ben Ali à être resté en Tunisie plutôt que de choisir l'exil. Il a connu les geôles de l'ancien régime et son épouse, l'avocate Radhia Nasraoui, est une célèbre militante contre la torture. Sa formation politique, le Front populaire, est arrivée 4e aux législatives. Kalthoum Kannou: Cette magistrate est la seule femme candidate à la présidentielle. Chantre de l'indépendance de la justice, elle fut aussi une opposante sous Ben Ali dont le régime multiplia les pressions et les mutations discrétionnaires pour essayer de la faire taire. Après la révolution de janvier 2011, elle a dirigé un temps l'Association des magistrats tunisiens. Kamel Morjane: Dernier chef de la diplomatie de Ben Ali, il est l'un des six responsables du régime déchu à être candidat. Peu après la révolution, il s'excuse d'avoir servi Ben Ali et fonde son parti, Al Moubadara (l'Initiative) qui se réclame de la pensée de Bourguiba. Il disposera de trois députés dans le Parlement élu le 26 octobre.