C'est en novembre 1984 que le Maroc a quitté l'OUA Comment peut-on revendiquer la construction de l'UMA quand on tourne le dos à tout un continent. «Le vent de novembre arrache la dernière feuille», dit un adage qui semble très bien inspirer le Royaume du Maroc. C'est en novembre 1984 qu'il a quitté l'OUA. Se sentant humilié par l'admission de la République arabe sahraouie démocratique au sein de l'OUA en 1982, le roi du Maroc, a alors qualifié d'organisation «tam-tam» l'OUA, avant de claquer spectaculairement la porte le 12 novembre 1984. Etrange coïncidence, presque jour pour jour et 30 ans plus tard, le 8 novembre 2014, le Maroc dit non à l'organisation de la CAN, créant ainsi un vrai casse-tête pour la Confédération africaine de football à deux mois et demi du tournoi final. Le Maroc, qui avait un ultimatum de cinq jours, a indiqué qu'il renonce à l'organisation du tournoi final de la plus prestigieuse des compétitions africaines, la CAN Orange, tant que la CAF refuse de la repousser à une date ultérieure. Il a avancé l'argument fallacieux de l'épidémie d'Ebola. «La décision est dictée par des raisons de santé en raison de la grave menace du virus Ebola et le risque de sa propagation», peut-on lire dans un communiqué diffusé dans la soirée d'hier. Le Maroc a donc rejeté l'ultimatum lancé par la Confédération africaine de football (CAF). S'appuyant sur les recommandations de l'OMS (Organisation mondiale de la Santé), l'instance dirigeante du football africain avait pour sa part estimé que rien ne s'opposait à l'organisation de l'événement puisque le Maroc, pays hôte, n'est pas touché par l'épidémie. Les observateurs sont sidérés par cette décision qui nargue tout un continent. Faut-il suspendre toutes activités avec les pays africains? Le Maroc doit-il arrêter de commercer avec ces pays, doit-il dire non à l'arrivée de flux touristiques de ces pays d'Afrique? Le royaume qui n'a pas pris ses engagements sportifs et qui de plus vient, par sa volte-face, de compromettre très sérieusement la santé financière de la CAF. Cette dernière doit agir et le Maroc sera certainement lourdement sanctionné. Il appartient à la réunion de ce 11 novembre au Caire de décider de la suite à réserver à cette étrange sortie marocaine. Comment revendiquer, avec insistance, la construction de l'UMA, alors que le Maroc use de toute sa force du lobbying pour couler l'UA et mettre en péril la plus populaire manifestation sportive au plan continental. Il n'y a pas plus éclatante, plus scandaleuse manière de tourner le dos au continent africain. C'est un choix, le Maroc doit l'assumer, mais sans pour autant diaboliser son voisin de l'Est. Combien de fois avons-nous entendu des déclarations d'officiels marocains accusant franchement l'Algérie de bloquer la construction de l'UMA. La dernière diatribe, remonte à il y a trois jours, quand le roi Mohammed VI, fêtant le 39e anniversaire de sa «Marche verte», a tout simplement violé la réserve diplomatique, en prononçant un discours frontalement hostile à l'Algérie. L'Algérie n'y est pour rien, car le Maroc est le seul artisan de ses malheurs. A cause de sa position par rapport au conflit du Sahara occidental, le Makhzen garde en ligne de mire l'Algérie au point où il ne rate aucune occasion pour comploter contre le pays voisin sur tous les plans, allant jusqu'à tenter de saboter même les démarches de réconciliation menées par l'Algérie au Mali. Quant au dossier du Sahara occidental, il n'y a plus de raison de dissimuler les choses: il s'agit d'une question de décolonisation. «Notre région (...) a besoin que s'accomplisse la mission de décolonisation du Sahara occidental qui incombe à l'ONU, en application des résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations unies», a déclaré, ce dimanche 9 novembre, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des Nations unies. M.Lamamra a rappelé, également, «l'avis de la Cour internationale de justice», prononcé il y a 40 ans, et «qui a consacré l'autodétermination comme passage obligé de la solution à promouvoir au bénéfice du territoire de ce peuple». N'étant pas membre de l'UA, le Maroc se met à dos les 54 Etats africains membres. En refusant d'organiser la CAN 2015, il perd la sympathie des centaines de millions d'Africains.