Béjaïa qui est à sa deuxième semaine de blocage, détrône toutes les régions du pays en la matière. Une autre journée exceptionnellement agitée. Béjaïa s'est encore s'singularisée par une série d'actions de protestation, oeuvre des citoyens «désabusés». Hier encore, les nationales 12 et 26 ont fait l'objet de blocage par les citoyens des villages de la commune de Fénaïa, à hauteur du rond-point d'El Kseur. Ces derniers réclament le gaz de ville. Ils s'estiment «trahis» par les autorités, qui leur auraient promis le raccordement de leurs foyers s'ils acceptaient le passage de la conduite de transport de ce combustible. «Nous avons accepté de sacrifier nos terres et nos oliviers pour bénéficier du gaz de ville. Nous avons même facilité la tâche de réalisation de la conduite de transport qui traverse notre commune, au final nous devons encore attendre avant de voir le gaz dans nos foyers», c'est l'explication donnée hier par le représentant des protestataires aux milliers d'usagers de la route bloqués à l'entrée d'El Kseur sur la nationale 2. Le wali de Béjaïa M.Hammou Ahmed Touhami qui a intervenu sur Radio Soummam a indiqué que la commune de Fénaïa sera raccordée au gaz naturel dans le cadre de la 3ème tranche du plan quinquennal 2010/2014. La même réponse a été apportée aux protestataires de la daïra de Chemini la semaine dernière. Il a indiqué que «6km de réseau de transport et 82 m de réseau de distribution seront réalisés pour raccorder un total de 1949 foyers dans cette commune», tout en appelant les mécontents à la raison, car, dit-il, «même si la route est fermée, le gaz n'arrivera pas en un clin d'oeil». A Tifra ce sont les habitants du village Tasga qui reveinnent à la charge pour réclamer une nouvelle fois le revêtement du chemin reliant leur village au chef-lieu communal. Une route, totalement, dégradée après le passage des conduites d'eau potable réalisées les mois passés. Pour ce faire ils ont fermé le siège de l'APC. Nous avons appris qu'une entreprise est déjà sur les lieux mais, elle a, semble-t-il, irrité les habitants à cause de son manque en moyens matériels (engins) ce qui a négativement, influé sur rythme des travaux qui sont, très lents de l'avis des protestataires. Dans la commune de Béjaïa, ce sont des dizaines de citoyens issus du quartier Ihaddaden Ouada (Sud), qui ont observé un rassemblement avant de fermer le siège communal. Reçus par les autorités communales, il leur a été signifié qu'un projet inscrit est confié à la Sntp, mais celle-ci ne peut intervenir tant que les travaux de l'AEP et ceux de la voirie qui coûteront respectivement 14 millions de dinars et 6,5 milliards de centimes ne sont pas achevés. Le projet de revêtement de la route d'Ihaddaden Ouada coûtera 6,9 milliards de centimes selon l'adjoint au maire M. Hakim Zaïdi. Devant le siège de la wilaya, des dizaines de citoyens issus des quartiers défavorisés (Soumari Base Impros, Bab- Ellouz, etc.) et quartiers vieillissants de la ville de Béjaïa ont observé un rassemblement pour réclamer leur recasement avant la fin de l'année. Ils ont appelé les autorités de la wilaya à procéder à la distribution des 507 logements sociaux réceptionnés et achevés depuis de longs mois. Que de problèmes et peu d'oreilles attentives. Le phénomène d'action de protestation est si récurent que mes les sociologues et les différents observateurs peinent à l'expliquer. Quant aux usagers, on y pense même pas. Hier ils ont tenté de forcer le barrage mais en vain devant la détermination des manifestants, sous les regards d'une police qui n'a reçu aucun ordre sauf celui de surveiller de loin l'évolution de la situation. «Autant nous comprenons la revendication de ces citoyens autant on rejette cette manière de faire qui occasionne des désagréments à nous les usagers», tonne un transporteur, bloqué sur sa route vers Alger. Ce dernier, à l'instar de nombreux autres usagers de la RN 26, s'étonne de l'absence des pouvoirs publics. «On nous pousse à l'affrontement», s'écrie un autre transporteur de voyageurs, qui dit avec rage «la hogra», que lui et les autres usagers subissent régulièrement sans que l'Etat, censé protéger le citoyen, ne daigne faire un geste. «Où est notre tort?», s'adresse un usager à un policier. «Nous n'avons reçu aucun ordre pour agir, prenez votre mal en patience», lui répond-il c'est la débat qui s'engage alors. Chaque début de semaine, il est pratiquement impossible de se déplacer d'une localité à une autre sauf à faire de longs et périlleux détours. «Depuis qu'on ne répond qu'aux revendications exprimées de manière musclée, la ritournelle a alors fait des émules», nous expliquait récemment un sociologue. C'est un peu logique, disait, hier, un usager rencontré sur la RN 12, «puisqu'on ne répond qu'au plus fort», affirmait-il non sans regretter l'absence de l'Etat pour appliquer la loi et sanctionner tous les contrevenants. Autant les revendications étaient légitimes, autant la colère des usagers l'était aussi, qui ne comprennent pas pourquoi ils sont seuls à subir ce diktat né d'insuffisances dont ils ne sont aucunement responsables. Personne n'était en mesure de répondre hier à cette question, si ce n'est les usagers des routes nationales eux-mêmes qui crient haut et fort «l'absence de l'Etat». «Comment se fait-il qu'un aussi important axe routier soit fermé à la circulation sans que personne ne daigne se déplacer pour en connaître les raisons et trouver éventuellement les solutions idoines et lever les blocus», assène ce routier qui affirme «redouter le moindre déplacement sur la région». «Ce ne sont pas les appels au dialogue qui peuvent fléchir les manifestants», renchérit ce cadre d'une entreprise publique à Béjaïa, résidant à Sidi Aïch, estimant que «le wali et le président de l'APW se doivent de se déplacer avec la force publique pour d'abord, écouter les manifestants mais aussi lever le blocus pour permettre à tout un chacun de vaquer à ses occupations».