Le FBI peut, grâce à Microsoft, contrôler une bonne partie des réseaux de l'islamisme radical. «Au moment où la ‘‘total war'', décrétée par Washington, est menée à ses extrêmes et la lutte antiterroriste dirigée par les Etats-Unis et leurs alliés bat son plein partout dans le monde, les groupes radicaux proches de Ben Laden continuent à faire leur prosélytisme sur Internet (...) et 76% des sites djihadistes sont domiciliés sur le sol américain.» C'est ce qui ressort du rapport-statistique de l'Institut de recherches du Moyen-Orient pour l'information, basé à Washington et dont les travaux portent généralement le sceau du sérieux. Le rapport cite vingt-cinq sites djihadistes d'une seule organisation terroriste réputée proche d'Al Qaîda qui sont installés aux Etats-Unis, et dont le plus connu «Mouâskar al-battar» («Bastion de l'épée tranchante»), est pratiquement le porte-parole d'Al Qaîda en Arabie. Le site en question diffuse aussi dans la Toile un journal électronique Nashrat al-battar qui se définit lui-même comme une «revue périodique éditée par la commission militaire d'Al Qaîda en Arabie». Le site «Djeïch ansâr es-sunna», dont le nom est lié aux diverses revendications des attentats terroristes commis en Irak, émet aussi à partir des Etats-Unis, en plus de vingt autres sites djihadistes qui sont domiciliés en Amérique du Nord, Etats-Unis et Canada. Le rapport de l'Institut précise aussi que beaucoup de ce genre de sites émettent aussi à partir de la Grande-Bretagne, Hong Kong, la Russie, les Emirats arabes unis, l'Iran, etc. Un autre célèbre site djihadiste «Es-Sâha.com» est domicilié aux Etats-Unis et émet à partir d'une société sise à Houston. A partir de cette même entreprise émet aussi le site «Ansar es-Sunna.net» son journal, version électronique. Alors que les sites du «Djihad» palestinien, du «Hamas», la revue électronique des «Brigades d'Al Aqsa», des sites proches du docteur Abderrahmane Chalah, le secrétaire général du «Djihad»palestinien émettent à partir d'autres sociétés installées aux Etats-Unis. Le site «Shareea.org» proche d'Abou Hamza El-Misri (actuellement en détention en Grande-Bretagne) est enregistré en Hollande, mais émet à partir d'Atlanta, aux Etats-Unis, et possède plusieurs liens domiciliés à Hong-Kong. Deux autres sites proches de «Hezbollah» libanais, l'un «Nasrollah.org», l'autre «Moqawama.org» sont basés aux Etats-Unis et émettent à partir de Houston. Des sites proches d'Abou Hamza, Abou Qatada, Abou Baçir, Abou Saâd et Ayman ez-Zawahiri, préfèrent émettre à partir de Londres et de l'Arabie. C'est le cas de «Qal 3 ah», un des plus célèbres sites d'Al Qaîda, «Salafiyahweb», «Ansar.biz», qui émettent à partir des pays du Golfe, principalement le Koweït et de l'Arabie Saoudite, et reprennent les fetwas des référents doctrinaux les plus radicaux de l'islamisme contemporain. Le Gspc algérien qui s'est doté de deux sites, «très performants», selon un spécialiste de Gécos des installations de sites et de providers, travaille à partir de lieux situés loin de l'Algérie, «les Etats-Unis très certainement», pronostique notre technicien de la Toile. Le temps mis pour réagir, revendiquer, démentir ou rédiger des communiqués événementiels est «assez long» pour renseigner, sur la distance qui sépare les groupes opérationnels en Algérie et leurs rédacteurs de sites et techniciens de l'Internet installés ailleurs. Dix jours pour réagir à l'information donnée par la presse algérienne concernant la mort de leur chef, Nabil Sahraoui, quatre pour revendiquer l'attentat de la centrale électrique d'El Hamma et huit pour démentir l'information, qui donnait pour mort Hassan Hattab. C'est-à-dire que plusieurs jours passent pour que les «opérationnels» transmettent l'information aux «opérateurs». Evidemment, «paradoxalement», serions-nous tentés de dire, le FBI «trouve son compte» dans cette agitation électronique à l'échelle planétaire. Les responsables de la police fédérale lisent comme dans un livre ouvert ce qui se dit quotidiennement et peuvent comprendre ou saisir les étapes à venir. Ils tentent de déchiffrer, de décoder d'éventuels messages, comme ils peuvent, avec l'appui de Microsoft qui peut doter ses computers de micro-processeurs, véritables NSA miniature, remonter jusqu'aux opérateurs des sites et aux utilisateurs. On peut aussi décoder le mot de passe et faire passer des messages, et manipuler de l'intérieur. C'est la stratégie de l'infiltration sans agent infiltrant. C'est pour toutes ces raisons que beaucoup de sites djihadistes, localisés pourtant et dont les opérateurs sont fichés, peuvent continuer à émettre tant que la menace est «gérable». En fait, le sites islamistes radicaux sont très, très consultés par les responsables américains de la sécurité intérieure.