L'armée irakienne semble avoir repris du poil de la bête en enlevant aux jihadistes de l'EI la ville stratégique de Baïji Les forces irakiennes ont brisé hier le siège des jihadistes de la principale raffinerie du pays, un succès qui coïncide avec la visite du plus haut gradé américain à Baghdad Cette nouvelle avancée de l'armée survient au lendemain d'une autre victoire significative avec la reprise de la ville stratégique de Baïji, à 10 km de la raffinerie, dans le nord de l'Irak. «Les forces irakiennes (...) ont atteint l'entrée de la raffinerie», a déclaré hier le gouverneur de la province de Salaheddine, Raad al-Joubouri. Cet immense complexe était assiégé depuis plusieurs mois par le groupe Etat islamique (EI), qui avait réussi à y pénétrer mais sans en prendre le contrôle. La raffinerie produisait autrefois 300.000 barils par jour, fournissant 50% de la demande locale. L'offensive des jihadistes avait affecté la production pétrolière dans le nord, mais les importants champs pétroliers et terminaux d'exportation du sud de l'Irak n'ont jamais été touchés. Baïji est la plus grande ville reprise par le pouvoir depuis le début le 9 juin de l'offensive fulgurante du groupe extrémiste sunnite qui lui a permis de s'emparer de larges pans de territoire au nord et à l'ouest de Baghdad. Ce succès de l'armée, aidée par des miliciens chiites et des tribus sunnites et appuyée par le soutien aérien d'une coalition multinationale conduite par les Etats-Unis, devrait aider à isoler davantage les jihadistes à Tikrit, plus au sud, des autres zones contrôlées par l'EI, en particulier Mossoul, la deuxième ville du pays. C'est dans ce contexte qu'est arrivé dans la matinée à Baghdad le général Martin Dempsey, le chef d'état-major des armées américaines, pour une visite qui n'avait pas été annoncée. Il devait s'entretenir avec «des responsables politiques et de la défense de la prochaine phase de la campagne pour battre» l'EI, a indiqué Brett McGurk, l'adjoint du patron de la coalition internationale, le général américain à la retraite John Allen. Sa visite intervient quelques jours après l'annonce par le président américain Barack Obama qu'une «nouvelle étape» s'ouvrait en Irak où les Américains ne veulent plus seulement stopper les jihadistes mais «lancer une offensive» contre eux. Pour cela, M.Obama a approuvé l'envoi de 1.500 conseillers militaires supplémentaires, portant les effectifs américains à 3100 en Irak. Ce quasi doublement du contingent américain est destiné à rendre rapidement opérationnelles les forces irakiennes, y compris kurdes, afin qu'elles puissent «commencer à repousser» les forces de l'EI, selon M.Obama. Le Pentagone avait par ailleurs salué jeudi la décision du Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi de remanier l'armée, en limogeant ou mettant à la retraite 36 officiers. Mais le général Dempsey avait insisté sur la nécessité, pour M.Abadi, d'intégrer davantage les Kurdes et les sunnites dans le processus de prise de décisions militaires. «Je peux déjà prédire que, dans le cas contraire, les forces irakiennes de sécurité ne tiendront pas», avait-il averti devant le Congrès. Concernant la Syrie, où la coalition continue à frapper les positions de l'EI, un journal turc a rapporté hier que la Turquie et les Etats-Unis avaient finalisé leur accord en vue d'équiper et d'entraîner sur le sol turc environ 2000 combattants de l'opposition syrienne modérée au régime de Damas. L'entraînement de ces forces de l'Armée syrienne libre (ASL) devrait débuter «à la fin décembre» au centre d'entraînement de la gendarmerie de Kirsehir (centre), à environ 150 km au sud-est de la capitale Ankara, selon le journal Hürriyet Daily News. La formation de ces hommes sera dispensée par des militaires turcs et américains mais leur équipement et le coût de leur entraînement seront entièrement pris en charge par les Etats-Unis.