«Quand on va au cinéma, on lève la tête. Quand on regarde la télévision, on la baisse.» Jean-Luc Godard Après la polémique qui a suscité son intervention sur la chaîne Ennahar TV, Cheikh Shamseddine fait son mea culpa. Dans son émission Ensouhouni (Conseillez-moi), diffusé le 18 novembre, il déclare: «Je n'ai jamais appelé à l'interdiction du film, j'ai seulement donné mon avis.» Seulement voilà, le premier prédicateur polémiste de l'audiovisuel algérien n'a toujours pas vu le film. Et il ne pourra pas le voir car il ne sortira pas en Algérie. Dans son intervention, le cheikh s'interroge: «Je n'ai pas le droit de donner mon avis sur un film qui a nui aux moudjahidine? ou je suis bon qu'à donner mon avis sur la torture de la tombe?» il poursuit en ajoutant: «Vous êtes les adeptes de la démocratie et de la liberté d'expression, vous devez accepter l'opinion et l'opinion contraire.» Le cheikh Shamseddine a surtout voulu répondre à l'émission d'Echourouk TV, Polyweek qui avait démonté les arguments d'une avocate venue interdire le film de Lyes Salem. Il a tenu à préciser notamment que ce n'est pas un imam mais un «daâya» (un prédicateur). De toute façon, l'islamiste audiovisuel réagit à un film qu'il n'a toujours pas vu. Et curieusement, ce mea culpa du Cheikh Shamseddine intervient la veille de la sortie du film de Lyes Salem en France. Grâce à cette polémique, Lyes Salem est devenu une icône des anti-islamistes et des anti-djihadistes au moment où la société française est gangrenée par la montée en puissance du salafisme et l'influence djihadiste de l'Etat islamiste sur son sol. Ce film vient à point nommé pour s'installer en avant du front contre l'islamisme religieux et extrémiste. La presse française qui avait descendu le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb est en train d'encenser aujourd'hui un film qui dénonce en filigrane la faillite du FLN après l'indépendance. Lyes Salem est cité par Le Monde, TF1, France bleu et dans les revues spécialisées en cinéma, comme Studio Cinélive et Première. Reste à savoir si la polémique en Algérie influencera le public français pour se rendre nombreux dans les 80 salles qui ont programmé le film dans l'Hexagone français et les 10 salles dans la région parisienne. Il faudrait attendre samedi prochain pour connaître le verdict du public français. Si le film marche commercialement, il sera reconduit dans une nouvelle semaine ou retiré de l'affiche. Il faut dire que son distributeur français Haut et Court compte beaucoup sur son succès en salle. Il faut dire aussi que mis à part les films français réalisés par des cinéastes algériens comme Chouchou signé par Merzak Allouache ou Indigènes réalisé par Rachid Bouchareb aucun film algérien n'a pu s'imposer sur le marché cinématographique français. [email protected]