«Hollywood? C´est une usine où l´on fabrique dix-sept films sur une idée qui ne vaut même pas un court métrage.» Woody Allen Alors que la polémique enfle en France sur la sélection à Cannes du dernier film Hors la loi de Rachid Bouchareb, la presse américaine s´interroge sur les dessous de cette campagne anti-Bouchareb dans les médias français. Dans l´entourage du réalisateur, on prépare en douceur la contre-attaque médiatique. Très sollicité par la presse française, Rachid Bouchareb a refusé diplomatiquement tout entretien pour ne pas amplifier l´affaire. Il a même décliné l´invitation de Canal+ à l´émission du Grand Journal de Denisot pour justement débattre de cette polémique. Quant à France Télévisions, l´un des principaux producteurs du film, elle a préféré «éteindre le micro» sur le député français et sa polémique. Quoi qu´il en soit, le film sera bel est bien présent à Cannes et sera attendu ensuite à Hollywood, puisque l´Académie des Oscars a publié un récapitulatif des productions algériennes nominées ou sélectionnées aux Oscars depuis 1969. L´Algérie demeure ainsi le pays africain et arabe qui possède le plus grand nombre de participations aux Oscars. L´Algérie a remporté une fois l´Oscar du meilleur film étranger avec Z de Costa Gavras, quatre films ont été nominés, dont deux avec Rachid Bouchareb pour Poussière de Vie et Indigènes. Le réalisateur algérien, qui est très apprécié aux Etats-Unis, a manqué deux autres nominations avec Little Sénégal en 2000 et Cheb en 1991. Il détient d´ailleurs le record des sélections aux Oscars avec 4 participations (2 nominations et 2 sélections). Il bat ainsi Mohamed Lakhdar Hamina, qui a été sélectionné trois fois aux Oscars pour Chronique des années de braise en 1975, Tempête de sable en 1982 et La Dernière image en 1986. Malgré sa Palme d´or à Cannes, Mohamed Lakhdar Hamina n´a pu obtenir une nomination aux Oscars qui confirmerait son statut de meilleur cinéaste arabe et africain. Il s´est contenté d´une sélection parmi les 50 meilleurs films de 1975. Néanmoins, la famille Lakhdar Hamina totalise 4 sélections aux Oscars, a égalité avec Bouchareb, si on comptabilise le film de Malik, le fils de Mohamed Lakhdar Hamina, dont le film Automne a été sélectionné parmi les 50 meilleurs films de 1994. A côté de ces deux monstres sacrés du cinéma algérien, Bouchareb et Lakhdar Hamina, on retrouve Merzak Allouache qui a été sélectionné en 1996 pour Salut Cousin, Yamina Chouikh qui a failli être nominée pour son film Rachida, Yamina Benguigui pour Inchallah dimanche et bien sûr, Lyès Salem pour son film Mascarades en 2008. Ainsi, le cinéma algérien, depuis sa première participation aux Oscars en 1969, se résume à 7 réalisateurs, 5 hommes et deux femmes. Ce qui est déjà un acquis, quand on sait que l´Algérie, qui n´a pas de production cinématographique (comme certains pays tels que l´Egypte, la Syrie ou le Maroc, pour ne citer que les pays arabes) rivalise avec les grandes nations du cinéma comme l´Allemagne, la Belgique ou encore la Russie. Au final, le prochain film de Bouchareb, à qui on décline le droit déjà à la Palme d´or, mérite à un Oscar pour Hors la loi à Hollywood, car ce sont bien les Français qui disent: jamais deux sans trois. [email protected]