Le sommet des finances islamiques sera inauguré le 28 novembre 2014 à Barcelone. Ce sera un évènement hautement intéressant pour le monde de l'économie, des finances et des assurances. L'Algérie, le Maroc et la Tunisie, mais aussi d'autres pays africains et asiatiques se lancent chacun à sa manière dans la finance islamique, un secteur appelé à jouer un rôle majeur en Méditerranée. Et c'est Barcelone qui réunit les principales institutions financières et les banques, les entreprises d'assurance et les médiateurs, les courtiers et les investisseurs lors du 2e Sommet des finances islamiques. Néanmoins, il faut reconnaître qu'en Algérie l'instauration de la finance islamique dépasse le simple stade de l'économie puisqu'elle vise aussi l'islamisation de la société. L'été dernier, il y a eu des rencontres à Alger sur les assurances islamiques et les banques islamiques. Ces deux secteurs ont fait leur show à Alger avec la bénédiction du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa. Or, il n'y a rien dans le programme du gouvernement qui intègre dans ses dispositions des orientations sur l'économie islamique. Cette absence de référence n'a pas empêché les Saoudiens d'expliquer leur méthode lors d'une rencontre sur la finance islamique organisée à Dar El Imam par Bank Al Baraka. Salama assurances, appartenant à des Emiratis a aussi délégué quelques-uns des connaisseurs en finances islamiques pour tenter d'implanter le concept de «takaful» (mutuelle). Pour la banque c'était Ahmed Mahieddine, membre de l'instance du groupe Al Baraka et son directeur de recherche en Arabie saoudite, qui avait souligné que la banque a des filiales dans 18 pays et gère un portefeuille de 8 milliards de dollars. Il a aussi indiqué que l'économie islamique n'est pas une fin en soi mais vise l'islamisation de toute la société. Même si les orateurs prennent soin d'insister sur le respect de la législation. C'est ce qu'avait fait à l'époque le directeur général d'Al Baraka Bank en Algérie, Mohamed Seddik Hafidh, qui avait souligné que l'institution veille au respect des lois algériennes mais que s'il y a une contradiction entre le gain et la chari'a, il préfère appliquer les principes de cette dernière. Il est donc clair que sous couvert d'économie islamique, les Saoudiens tentent d'exporter leur mode de pensée et non seulement leur modèle de finance islamique. Même tendance dans les assurances par le biais des Emiratis qui ont tenté de poursuivre ce chemin. Mais quelquefois, même le ministre des Wakfs s'insurge contre les fetwas financières car certains imams en Algérie interdisent même aux jeunes d'accéder au crédit de l'Ansej sous prétexte de la riba ce qui ne plaît pas à ce membre du gouvernement. En outre, combien de fois n'a-t-on pas entendu des officiels dire tout le mal qu'ils pensent des fetwas importées qui ont contribué à la radicalisation d'une partie de la société algérienne. Cette même radicalisation qui a causé la mort de 200.000 Algériens. Mohamed Aïssa avait souligné qu'un conseil du fiqh sera habilité à édicter des fetwas et il a invité les experts activant dans des banques à l'étranger d'associer leurs efforts dans cette instance en espérant que ces orientations puissent avoir un effet dans le règlement des problèmes de la société conformément à la chari'a. Il souhaite également que ces conseils du fiqh ne soient pas exploités pour justifier l'économie parallèle. Même s'il est connu des islamistes qu'ils considèrent le commerce comme étant halal et sans aucune restriction étatique. Le ministre a tenté de trouver des justifications en disant que les Algériens cherchent des solutions conformes à la chari'a afin d'intégrer la jeunesse dans le processus de production, travail et la société entière. Selon lui, il n'y a rien de bon qui se dégage vis-à-vis de la dépendance au monde occidental.