L'économie nationale est dépendante exclusivement des exportations d'hydrocarbures, évaluées par les experts à concurrence de 97% L'Algérie qui est un fournisseur considérable voit son économie menacée par cette dégringolade des prix. La brutale chute des prix du pétrole, qui ne cessent de dégringoler fait craindre le pire à l'économie nationale. Différents spécialistes et économistes ont exprimé leurs craintes si le cours de l'or noir poursuit sa tendance baissière. Le constat a été confirmé par l'agence internationale de l'énergie (AIE), qui parle d'un «malaise» dans les finances des pays producteurs. En effet, le dernier rapport mensuel de l'agence souligne que «la chute du prix du baril d'environ un tiers depuis le début de l'été est problématique pour beaucoup de pays producteurs, qui ont besoin d'un cours de l'or noir élevé pour financer leurs dépenses». Parmi ces pays producteurs, figure l'Algérie qui se base sur une politique rentière. L'économie nationale est dépendante exclusivement des exportations d'hydrocarbures, évaluées par les experts à concurrence de 97%. Preuve en est, l'ancien ministre des Finances, Ali Bounouari (entre 1991-1992), qui s'exprimait sur une chaîne de télé privée, a expliqué que notre pays n'exporte que pour une valeur de moins d'un milliard de dollars hors hydrocarbures. Actuellement, le prix du baril flirte avec les 80 dollars. Le rapport de l'AIE rappelle que «depuis des années, l'Algérie calcule son budget sur la base d'un baril à 37 dollars. Le surplus va à un fonds de régulation des recettes qui finance le déficit et tous les programmes spéciaux du gouvernement». Toutefois, le document précise: «Mais selon des experts, l'économie algérienne est mise en danger par un baril à 80 dollars.» Dans ce sens, l'AIE évoque l'ancien ministre des Finances Karim Djoudi, qui estimait que «le budget a besoin d'un baril à 100 dollars pour trouver son équilibre». Face à la chute «brutale» des prix internationaux du pétrole, qui depuis le mois de juin dernier accusent une diminution de près de 25%, le premier responsable du secteur, Youcef Yousfi, avait indiqué en septembre dernier: «C'est là une grande préoccupation! Et ce qui nous préoccupe davantage réside en cette tendance particulièrement rapide de ce cours du baril.» Dans un rapport de conjoncture publié par la Banque d'Algérie, le 17 novembre, il est indiqué que les exportations algériennes dominées par les hydrocarbures sont passées de 32.27 milliards de dollars au premier semestre 2013 à 31.83 milliards de dollars lors des six premiers mois de l'année en cours, soit une baisse de 1.37%. Le Fonds de régulation des recettes (FRR), alimenté par le différentiel entre le prix du baril fixé par la loi (37 dollars) et le prix réel du baril sur le marché, a été fortement sollicité pour les dépenses publiques. Il passe de 5238.80 milliards de dinars à fin 2013, contre 4773.51 milliards au deuxième semestre 2014, soit un décaissement de 465.29 milliards de dinars (équivalent de 6.1 milliards de dollars). Cette dégringolade des prix est une aubaine pour les consommateurs, mais une «crise» pour les producteurs. La chute des prix a été largement appréciée par les pays consommateurs, qui ont vu leur facture d'importation énergétique diminuer. De leur côté, les fournisseurs ont décrié cette chute, qui a mis à mal leurs économies. Depuis juin dernier, la chute des prix de l'or noir a reflété d'importants changements structurels à l'oeuvre sur le marché pétrolier, qui entame une phase où l'offre dépasse la demande. Les observateurs s'accordent à dire qu'une nouvelle page s'ouvre sur le marché pétrolier: la banque allemande Commerzbank parle d'un changement de paradigme, la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, d'un nouvel ordre pétrolier et l'AIE, d'un nouveau chapitre dans l'histoire des marchés pétroliers. A noter que l'Opep tiendra jeudi prochain à Vienne (Autriche) sa plus importante réunion depuis des années afin de discuter de la situation qui prévaut sur le marché pétrolier mondial.